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Un m’ment ‘né, ça finit par bien aller.

Après vous avoir vidé mon cœur à propos de ma dépression l’année dernière, je trouvais ça bien de partager le fait qu’un m‘ment ‘né, ça finit par mieux aller. Pour de vrai. En plus, en pleine campagne de sensibilisation sur la santé mentale, c’était comme l’occasion parfaite de vous faire un follow up

Avec le recul, j’ai compris que ma dépression avait été longue. Ça a pris 4 ou 5 ans avant que je dégringole au point le plus bas. Il n’y pas qu’un élément déclencheur, c’est plutôt une suite de choses que mon cerveau n'avait jamais processées. En 2012, mes neurotransmetteurs se sont mis à off et la dégringolade a été tout sauf amusante.

J’ai commencé par arrêter de manger. Je n’avais plus envie de me nourrir même si j’ai toujours été une cuistot incroyable. Moins je mangeais, plus je maigrissais, plus je me trouvais dégueulasse. J’ai commencé à vouloir me faire du mal aussi. Tous les moyens étaient bons pour perdre le contrôle. Mes amies ne me reconnaissaient plus et j’ai poussé la limite jusqu’à l’épuisement de mon corps et de ma tête. J’ai été assez wise pour appeler ma sœur qui m’a amenée chez le médecin.

De là, j’ai commencé à prendre des antidépresseurs. La thérapie a suivi, mais ce fut difficile de trouver quelqu’un et d’être à l’aise. Petit détail : j’avais mal compris que les médocs et l’alcool ne faisaient pas bon ménage. J’avais perdu mon attention, je devais déménager et j’étais généralement assez mêlée. J’ai profité de la semaine de relâche pour me sauver à Paris. 

En revenant, j’en avais trop sur les épaules. J’ai décidé d’en finir. J’ai écrit une lettre de suicide, je l’ai envoyée à deux personnes en espérant fort qu’elles dorment. Ce n’était pas tant que je voulais vraiment me tuer, mais que je voulais ne plus jamais souffrir. Il fallait que ça cesse. Mon amie de Montréal n’était pas couchée, elle est venue me chercher avant qu’il ne soit trop tard.

(MERCI ENCORE.)

J’ai annulé ma session, je suis disparue de partout et je suis restée chez nous. J’ai travaillé fort avec ma psychologue, deux fois par semaine. J’ai passé quelques mois à dormir. En fait, j'avais l'impression que j'avais tout le temps les yeux fermés. Un jour, j’ai recommencé à manger surtout des toasts et des bananes. Sinon, on me faisait à manger. On commençait à comprendre que ce n’était pas une joke, tout ça.

J’ai affronté le regard des gens, ceux qui ne comprenaient pas pourquoi ça m’arrivait. On me disait tout le temps des affaires vraiment idiotes, comme quoi ce n’était pas si pire ou que y’a du monde qui se remettent de traumatismes BIN. PLUS. PIRES. Sans médicaments ou rien. 

(En passant, NE DITES PAS ÇA. C’EST HORRIBLE.)

Lorsque l’énergie me revenait, peu à peu, j’étais tellement excitée que ça me brûlait au bout d’une heure. Avec le temps, la thérapie et la bonne dose d’antidépresseurs, j’ai vu une amélioration. Ça a commencé tout petit et ça a grandi jusqu’à ce que je puisse répondre : « Ça va bien. »

Je peux dire que j’ai grandi, aussi cave et cheesy que ça puisse paraître. Je suis devenue une adulte, je connais mes limites et j’ai plus confiance en moi.

Ma thérapie a pris fin, il y a deux semaines. Je commence à diminuer progressivement mes antidépresseurs et je peux enfin penser que cet épisode de ma vie aura une conclusion. Bientôt.

Donc, oui, c’est possible d’aller mieux. Ce n’est pas facile, mais ça se fait. Et je sais que je vous l’ai déjà dit et je vais vous le rappeler encore et encore, mais quand ça ne va pas et que vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à en demander. Ça en vaut vraiment la peine. 🙂

La dépression, il faut en parler. Donc, pourquoi attendre une journée spécifique (du genre « sensibilisation à la maladie mentale ») pour vous écrire tout ça?

Bonne journée!

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