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Ce qu’il faut retenir de l’effondrement de l’usine de production au Bangladesh

La semaine dernière, l’effondrement d’une usine de production de vêtements au Bangladesh a tué environ 400 personnes (et décompte continue), dont des enfants. La nouvelle a choqué une partie de la planète, avec raison. En plus, ç'a aidé les gens qui ne comprenaient pas trop ce que le cheap labor était/faisait dans 'vie à s’ouvrir les yeux.

Une semaine après les évènements, moi, Carolane Stratis, blogueuse de mode et étudiante en gestion industrielle de la mode, j’ai décidé de vous faire faire un tour d’horizon de ce que cette tragédie a à nous apprendre. 

Constat : le milieu de la mode est hypocrite. 

Des fois, je me dis que j’ai mal choisi mon milieu, parce que je trouve que les deux pires comportements chez l'être humain sont la jalousie et l’hypocrisie. Pour la jalousie, j’essaie d’en faire fi le plus possible. L’affaire, c'est que l’hypocrisie me pogne tout le temps au travers de la gorge et me laisse un maudit goût amer qui reste longtemps. 

Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai pensé aux victimes. Après, j'ai pensé à comment les compagnies qui faisaient des affaires avec eux allaient gérer la situation. 

Avant de crier au scandale, il faut comprendre deux choses :

1. La plupart des compagnies qui font affaire à l’étranger n’ont personne sur place pour watcher les compagnies de production. 

2. Même si plusieurs compagnies signent des ententes avec des distributeurs afin qu'eux (les middlemen de la production) ne fassent pas affaire avec des usines qui embauchent des enfants ou qui offrent des conditions de travail inhumaines, rien ne garantit que l’usine ou le distributeur va respecter les ententes. Comme on dit, quand le chat est parti, les souris dansent; il est souvent difficile de faire le suivi. 

Je m’attendais à ce que quelques-unes des compagnies réagissent, mais j’étais loin de me douter qu’une compagnie d’ici allait faire autant de communication de crise sur le sujet. Je parle ici de Joe Fresh qui, étonnement, a décidé de jouer la carte de la transparence en annonçant qu’elle faisait affaire avec l’usine en question. Ce qui m’a le plus surprise dans l’histoire, c’est que les autres compagnies impliquées n'ont pas dit un mot. 

Ce sont eux que je traite d’hypocrites. 

Comme on doit s’y en attendre, il va sûrement y avoir des clients qui vont penser deux fois avant d’aller acheter de la guenille au Loblaws. C’est normal, même que de se poser des questions sur le provenance de notre linge est très bien. Mais ce qui me frustre le plus, c’est que les autres compagnies vont s’en sortir pratiquement indemnes : elles risquent d’avoir certains problèmes à gérer leur production, maintenant qu’elles ont perdu un fournisseur, mais leur image ne sera pas entachée autant que celle de Joe Fresh, qui a décidé de prendre le taureau par les cornes. 

Alors, comment fait-on pour aider à supprimer le cheap labor?

Changer nos paradigmes. Le plus important pour éviter de promouvoir le cheap labor et les compagnies qui en font usage est de changer certaines perceptions de la mode. Certaines compagnies mettent en valeur leurs efforts (genre H&M qui diffuse sa liste de fournisseurs) et d’autres font l’autruche (Zara, Walmart and stuff). Il faut donc essayer de ne pas se laisser influencer par l’offre de ces compagnies afin de diminuer le plus possible les achats faits chez eux. Plus vous vous informez sur les compagnies et la façon dont elles gèrent leur business, plus il sera facile pour vous de faire un choix éclairé concernant celles que vous voulez encourager.

Tant qu’à faire un état de conscience… Il est important de réviser le coût/la valeur de la marchandise. Là-dessus, Judith Lussier a écrit un excellent billet sur le blogue d'Urbania. En résumé, ça dit que ce n’est pas normal que les vêtements soient les seuls éléments qui n’ont pas suivi la courbe d’augmentation du coût de la vie.  

Laisser du temps aux pays qui font du cheap labor de se tourner de bord. Les gens du Bangladesh n’arrêtent plus de manifester depuis l’incident de la semaine dernière. Et ce n'est pas la première fois. Ils ne font pas qu’attirer l’attention des médias, car si la tragédie donne lieu à un vrai mouvement de protestation de masse (qui ne serait pas réprimé violemment par un gouvernement corrompu, genre), ça devrait résulter en certains changements sociétaux. Du moins, je l’espère de tout mon cœur. 

ACHETER LOCAL. Préconisez les entreprises qui font des choix éthiques concernant leurs conditions de travail! Payer plus cher pour vos vêtements sera normal, vu les nouvelles qualités que vous recherchez. Il est grand temps de faire le choix d’acheter le plus souvent possible des vêtements faits ici ou pas trop loin. Ça tombe bien, TPL vous en propose tout le temps!

Avant de réclamer la mort du capitalisme et de brûler tous vos vêtements, TL;DR : Ce qui est arrivé au Bangladesh devrait servir d’exemple afin de se conscientiser sur la façon dont on fait nos achats, plutôt que de jeter toutes les pierres sur Joe Fresh, qui reste la seule compagnie impliquée à avoir réagi et offert un certain dédommagement.

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