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Une histoire de taille, ou comment Joëlle s’est rendue compte qu’elle risque d’être « grosse » toute sa vie.

Je travaille à temps partiel chez Boutique Onze, pour le deuxième été d’affilée. Ce sont toujours les employées de la boutique qui figurent sur les photos de vêtements qui sont présentes sur le blogue Boutique Onze, sur la page Facebook et sur les différents réseaux sociaux. En ce moment, on peut y trouver des photos de moi portant une des robes de la boutique.

Je me regardais sur ces photos et des pensées contradictoires affluaient : oui, j'ai pris du poids depuis l'été dernier. Je suis même probablement plus grosse que je ne l'aie jamais été. Non, je ne suis pas 100 % bien avec ça. Y’a des parties de mon corps que j’aimerais honnêtement avoir autrement.

Ceci dit, je n'arrive plus à me concevoir plus mince. Je pourrais bien perdre quelques livres, oui, pour retrouver un IMC plus santé (c’est mon kinésiologue de petit frère qui serait content). Mais je me rends compte ces temps-ci que la minceur, ce n'est pas moi. Ce ne l'a jamais été et ce ne le sera probablement jamais. Parce que je regarde ces photos et je me reconnais. Je ne suis plus en train de me dire « My god que cette fille n'est pas moi! », comme je faisais avant. Je m'approprie de plus en plus cette shape.

C'est vrai : en travaillant en mode, avec Boutique Onze et Ton petit look, je réussis de plus en plus à comprendre que je vais rester bâtie toute ma vie et que ça me va. Ça me va dans ma tête, ça me va dans mon apparence (je ne pense pas avoir l'air difforme) et ça me va pour mon couple, aussi. Je n'arrive plus à être choquée et dégoutée à chaque fois que je me regarde dans le miroir, comme quand j'étais ado; ça arrive encore parfois, mais beaucoup plus rarement.

J'ai même commencé, depuis l'été dernier, à accepter le fait que je peux être féminine avec cette shape-ci. Auparavant, c'était quelque chose d'inconcevable : je me refusais systématiquement les robes, les couleurs « de fille » et le maquillage. Maintenant, je possède DES robes et DU maquillage, ce qui relève pratiquement de l’exploit.

J'ai autour de moi de merveilleux exemples de filles bâties que je trouve d'une grande beauté et que j'ai toujours admirées. Je commence à réaliser que ces femmes « fortes » qui m'entourent ont, inconsciemment, réussi à changer la perception que j'ai de moi-même. J’ai aussi une famille et un mari qui m’ont toujours répété que je suis belle, même quand je n’arrivais pas à le croire, même quand je leur répondais qu’ils devaient arrêter de me mentir. Mais maintenant, je commence à mieux les comprendre : ils n’ont jamais vu du poids en trop. Ils me voyaient MOI, et c’est tout.

On me dit souvent : « Tsé, l'important, c'est que tu t'aimes comme t'es. » C'est vrai et ça commence à prendre effet chez moi. Je ne suis pas selon « les conventions » (fixées par qui et au nom de quels principes, au juste?), that’s it. Je commence à accepter ça de plus en plus.

J'en parle aujourd'hui parce que je sais à quel point ça ronge à l'intérieur, quand tu trouves horrible. Si ce petit texte insignifiant peut aider ne serait-ce qu'une seule personne à se trouver pas pire pendant 2 minutes, je vais être contente.

***Toutes les photos sont de Brigitte Beaudoin-Savoie, pour Boutique Onze.

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