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Fesser sur Sensation mode et la SMM : une activité qui est devenue aussi traditionnelle que la cueillette des pommes

Il existe quelque chose d’aussi prévisible que le retour des couleurs de l’automne à l’automne, et j’ai nommé « un article sensationnaliste dans un grand journal pour diss la Semaine Mode Montréal ».

C’est la même chose, chaque année. On se donne bonne conscience en exposant les problèmes de l’industrie, en flattant le dos des designers et en frappant sur la SMM à grands coups de critiques acerbes. Ensuite, on interroge 2-3 designers bien connus. On leur fait dire que le marché de la mode est difficile, que les québécois sont pas fins parce qu’ils n’achètent pas assez chez nos designers et on blâme les habitudes de consommation qui ont changé avec le temps (tousse tousse FAST FASHION! H&M!).

Bref, on tape sur la tête de Sensation mode sans noter que, chaque saison, l’organisme s’améliore en prenant les critiques en considération. 

Quand le milieu a critiqué la largesse avec laquelle Sensation mode accordait des accréditations médiatiques aux blogueurs de mode, des quotas de pages vues ont été instaurés afin de baliser le tout (et filtrer le grain de l’ivraie). Lorsqu’on a critiqué le coût exorbitant d’une présence à la SMM pour les designers, Sensation mode s’est mis à défrayer ces coûts pour les créateurs de la relève. Cette année, en l’honneur du 25e de la Semaine de mode, c’est gratuit pour tout le monde. 

Lorsqu’on s’est mis à questionner la pertinence du Festival Mode & Design, Sensation mode en a fait un événement qui « démocratise » la mode, en plus de faire miroiter tous les talents québécois — aka les stylistes, les chaînes québécoises, les grands entrepreneurs du milieu, les créateurs et plus encore… même les blogueurs.

Et quand les acheteurs sont partis à New York (et la SMM a sa part de responsabilité là-dedans), Sensation mode a cherché à créer des opportunités d’affaires quand même. Par exemple, cette année, Sensation mode fait la promotion du Cabaret éphémère partout dans sa programmation. 

Pour tout dire, il faut vraiment avoir la tête dans le cul pour accuser Sensation mode (et la SMM) de ne pas essayer de s’améliorer. Évidemment, TOUT N’EST PAS PARFAIT et tout le monde a ses torts, sauf qu’un moment donné, faut arrêter avec nos chasses aux sorcières. Faut comprendre que le Québec est un petit marché. Et faire avec. 

Mais la grosse question reste : quelles sont les solutions qui s’offrent à nous? Après un brainstorm de groupe, on vous présente nos pistes de solutions et nos idées pas trop épaisses. 


Nous sommes tous responsables de la réussite des designers. Ça passe par les médias qui ne parlent pas assez des entreprises locales en favorisant les grandes marques internationales. Ça passe aussi par nos choix de consommation, mais surtout, SURTOUT, ça se passe dans l’offre des designers. Les collections devraient fitter avec le marché québécois = pas trop cher, de bonne qualité et qui ne ressemble pas à ce qu’on retrouve chez Zara. Il faut aussi continuer à travailler fort pour transformer (et remettre sur pied) le milieu de la production manufacturière. 


Les designers doivent être présents sur le Web et offrir leurs vêtements au monde entier. Un bel exemple dans ce sens : les collections plus abordables de Marie St-Pierre. Avec les outils/l’expertise qui sont disponibles en 2013, ne pas vendre en ligne est quasiment un crime. Les temps ont changé, c'est comme ça. On a tous fait notre deuil des pizzas du McDo. L’union fait la force et UNE SEULE Semaine de la mode à Toronto (ou une volante entre Montréal et Toronto) nous aiderait à nous positionner sur l’échiquier de la mode (lololol) internationale. 

Peut-être sommes-nous rendus au moment des grands et gros changements? Pourquoi ne pas réinventer la formule? L'expertise accumulée par Sensation mode vaut quelque chose, mais peut-être que la SMM est arrivée au bout du rouleau.

En plus d'appuyer les opinions de mes co-éditrices, je crois fortement que l'investissement de temps et d'argent doit aussi se faire à l'étranger. Nous devons promouvoir le design québécois (et canadien) à l'international, parce c'est la seule façon d'accroître leur part de marché. Une initiative simple : encourager Opening Ceremony à choisir le Canada comme prochaine terre d’accueil. Ceci donnerait une belle visibilité à nos designers dans les médias appropriés et sur une plateforme qui permettrait vraiment aux consommateurs d'acheter les produits. D'ailleurs, je soutiens des initiatives comme le Cabaret éphémère qui cherchent à amener les produits québécois directement aux consommateurs appropriés, tout en nouant des liens stratégiques avec les autres industries culturelles. Ça, c'est un bon pas dans la bonne direction! 

Et vous, quelles sont vos pistes de solutions? Est-ce que ce débat commence à vous ennuyer?
 

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