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Ce que Carolane pense du Manifeste sur l’industrie de la mode québécoise et ses enjeux

La semaine dernière, la boutique Belle et Rebelle ainsi qu’une cinquantaine de designers québécois lançaient un manifeste pour demander de l’aide gouvernementale. Ce n’est pas la première fois que les problèmes du milieu de la mode sont exposés au grand public, toutefois, solliciter de l'aide par une pétition est une première, je pense.

1- L’impact des médias québécois
Le Manifeste propose un quota obligatoire de contenu de mode québécoise dans les médias d’ici. Chez TPL, c’est plus ou moins le tiers de notre contenu qui en parle. Des fois, c'est plus et d'autres fois, c'est moins. Pourquoi? Parce qu'à chaque fois qu’on parle trop de mode québécoise, on se fait dire que c’est trop cher, mais si on écrit trop sur le fast fashion, on se fait reprocher de faire la promotion du cheap labor. Ce n’est pas comme si TPL était un magazine, au contraire. Un blogue, ça carbure directement au feedback des lecteurs. Reste que je comprends pourquoi les médias québécois ne parlent pas toujours de la mode d'ici.

Nous choisissons de faire la promotion des marques qui nous ressemblent, celles qui rejoignent vraiment nos goûts. Myco Anna, même si c’est un gros succès, ça ne nous parle pas. C’est tout. Est-ce que c'est quelque chose qui devrait changer? Non.

Ceci dit, ce n'est pas une raison pour que les médias ne fassent pas leur part. Prenez les nouveaux cahiers mode de LaPresse +: le contenu y est très intéressant et il y a toujours une partie consacrée à la mode d’ici. Tout est une question d'équilibre!

Une autre belle façon d'amener les gens à consommer localement, c'est de s’adresser à eux directement. Grâce au concept de marché ouvert (les marchés de Noël, la braderie, le souk @ sat), les designers se rapprochent de leur clientèle. La vente en ligne permet ce même genre de rapport. Les boutiques (comme Unicorn) qui offrent des marques québécoises en équilibrant leur offre avec des marques plus accessibles (et fabriquées ailleurs) sont la preuve qu’on peut concilier les deux options sans vendre son âme au diable. Et ça marche. 

2- Le vrai bémol
Le problème avec les cris d’alarme dans le genre, c’est que les designers et les propriétaires de boutique lancent la balle à la conjoncture économique, à « l'industrie » et aux consommateurs sans faire un examen de conscience. Certains designers utilisent leurs vêtements comme forme d’expression artistique, soit, mais la plupart d’entre nous ne peuvent pas se permettre de porter du Denis Gagnon tous les jours. Dans une autre fourchette de prix (lolol), il faut se demander si les créateurs de prêt-à-porter québécois ont vraiment compris les goûts et les besoins de leur clientèle. D’après moi, ce n’est pas le cas.

Il ne suffit pas qu’un vêtement soit bien fait pour se faire acheter par un consommateur, il doit aussi répondre à d'autres besoins. L'offre et la demande, la base de l'économie (et l'industrie de la mode, c'est une économie, ce n'est pas juste un art). Pour combler des besoins, les designers doivent être un peu plus à l’écoute des consommateurs avant de créer des vêtements en fonction d'un certain marché. Indeed, c'est impossible de compétitionner avec les Zara et H&M de ce monde, mais c'est très très possible de trouver et développer son créneau, comme Betina Lou ou atelier b.

Cette même ouverture d’esprit s'applique aux boutiques. Ceux qui vendent la mode québécoise doivent mettre de l'avant les marques qui fonctionnent vraiment, tout en complétant leur offre avec des morceaux un peu moins chers qui offrent des meilleures marges de profit.

À l’heure où on se parle, les objectifs de signature sont presque atteints. Je vous conseille de signer la pétition, parce que c'est important. Un appui accru du gouvernement permettrait à la mode québécoise de se sortir la tête hors de l'eau, et cette pétition ramène une discussion important dans l'actualité. J'aimerais également voir l'industrie de la mode un peu plus à l'écoute des consommateurs. Ça aiderait sûrement les ventes. 

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