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Le regard de l’Autre et son influence
Crédit: Émilie Brisson
L’autre soir, en revenant des feux, alors qu’on parlait de nos projets de voyage, un ami et moi sommes arrivés à un constat bien simple : il est toujours plus facile de suivre ses pulsions à l’étranger. Celles-là même qui nous distinguent de la masse. Pourquoi? La raison est simple, chez nous, on connaît toutes les conventions. On sait ce qu’on est, mais attention; cette identité est souvent bien loin d’être modelée de façon objective.
 
On vit dans une époque d’une modernité froide, aseptisée dans laquelle il vaut malheureusement mieux plaire à la masse (substituons-la par le Voisin) que d’être soi-même, quitte à ne pas cadrer dans les conventions.
 
Chose intéressante, il est à noter que pendant des centaines d’années, ce Voisin n’était qu’une vague brume. On cherchait plutôt à répondre aux indications religieuses. Et la nuance est ici, par extension aux autres, qui eux aussi suivaient les mêmes indications. Notre époque déjantée a délaissé l’influence de Dieu dans la sphère sociale pour la reléguer au domaine privé. Mais pauvres enfants que nous sommes, nous voilà complètement perdus et laissés à notre sort. Comment savoir ce qui est bien ou mal alors que personne ne nous dit quoi faire? La question peut paraître anodine, voire même idiote, mais elle a pourtant son bien fondé. Si vous aviez l’entière liberté (et nous l’avons, ne l’oubliez pas) d’agir comme bon vous semble, le feriez-vous?
 

Crédit photo : Artophile
Cette réflexion est si large qu’elle va du (non) port d’un soutien-gorge en public aux jambes féminines poilues en passant par le couple homosexuel adoptant leur premier enfant ou encore le jeune suicidaire de 17 ans. Ces tabous existent, mais on préfère les voiler ou du moins, ne pas en tenir compte pour glorifier un cadre, autrefois doré, maintenant jauni d’usure et de lacérations. L’image (physique, sociale ou émotionnelle) que l’on donne au Voisin est devenue tellement importante que c’en est déstabilisant. Comment un inconnu peut-il avoir tant de pouvoir sur notre vie alors même qu’on a voulu (dans beaucoup de cas) se débarrasser de Dieu pour s’émanciper des dogmes et des limites imposées.
 
En d’autres termes, en l’espace de quelques centaines d’années, Dieu a été substitué par le Voisin, mais est-ce vraiment pour le mieux? Et cette substitution s’est effectuée de façon si rapide dans l’histoire de l’humanité que l’on est en droit de se demander ce que tout cela nous aura légué.
 
Attention, l’extrême liberté est possible, mais jusqu’où nous mènerait-elle? Le libre-arbitre dont on a tant parlé existe-t-il vraiment ou ne s’agit-il pas davantage de se laisser porter par une vague qui change de direction au gré du vent.
 
Le contrat social élaboré par Rousseau s’étendrait-il au-delà de ce qu’il avait pu présager? Sacrifier une partie de sa liberté au profit de la sécurité du groupe, certes, mais il semble aujourd’hui que ce postulat nous mène beaucoup plus loin.
 
Précision:
*** Il existe une nuance fondamentale à établir entre la religion et la croyance. Malheureusement, beaucoup lient les deux à tort.
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