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Le Jihad Al-Nikah : djihad sexuel en temps de guerre.
Crédit: Véronique Carpentier

Il a été question dans mon dernier billet de la montée du djihadisme féminin en Syrie. J'y ai expliqué, entre autres, que plusieurs femmes embrassaient la cause en mariant un moudjahid (combattant de la foi). Par contre, je n'avais pas donné plus de détails, préférant dresser un portrait général du mouvement.

Par ailleurs, je crois qu'il est important de se pencher sur le phénomène du Jihad Al-Nikah, le djihad par le mariage (la guerre sainte du sexe) communément appelé par les médias le jihad du sexe. Très populaire en temps de guerre, le jihad du sexe est une pratique archaïque, qui donne comme mission à une femme non vierge, veuve ou divorcée d'aller au front pour épouser de façon temporaire un moudjahid. Par ce geste, elles contribuent à leur manière au jihad. Elles peuvent avoir plusieurs époux temporaires (partenaires) et au nom de la loi, cette pratique n'est pas considérée comme étant de la prostitution vu qu'il n'y a ni proxénète, ni argent en jeu.

Elles ont donc comme mandat d'assouvir les besoins sexuels des combattants, tant et aussi longtemps qu'ils le demanderont. Cette instrumentalisation du corps de la femme pose de sérieuses questions et inquiète les défenseurs des droits de l'homme.

L'Islam étant très strict en ce qui concerne les règles et rituels entourant le mariage, il peut sembler paradoxal qu'une telle pratique existe. En fait, il faut comprendre que ce type d'union temporaire est condamné par la majorité des musulmans et qu'il constitue la forme la plus basique et la moins formelle du mariage. Pour que le mariage soit valide, il ne suffit que du consentement de la femme et de la présence d'un témoin. Cependant, il faut savoir que la fornication (sexe avant le mariage) est interdite, et ce, même en temps de guerre. 

Cette pratique reste toutefois marginale et renaît à chaque guerre civile en terre musulmane. En Syrie, on constate que le phénomène prend diverses formes et devient un outil de propagande efficace : détournement de l'attention des médias des massacres quotidiens commis par les jihadistes, campagne de recrutement des femmes sur les réseaux sociaux, etc. Les femmes proviennent de l'Europe, de la Tunisie (rumeurs de plus en plus confirmées) et d'ailleurs. 

Néanmoins, il est évident que ce mariage temporaire reste une supercherie utilisée par l'armée djihadiste pour endoctriner les femmes et satisfaire les combattants. Certaines réussissent à s'en sortir et retrouvent leur famille. D'autres sont prises en charge par des organismes humanitaires. Reste qu'il est difficile de démanteler un réseau aussi bien organisé que celui mis sur pied par les djihadistes. 

Êtes-vous aussi dégoûtées que moi par cette pratique?

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