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Le toute shaming : et si on reproduisait ce qu’on dénonce?
Crédit: ramblingsofawildone.com

J'ai, comme plusieurs filles (et garçons!) de mon âge, été élevée par une féministe. C'est ma maman qui m'a fait prendre conscience qu'en tant que femme, j'avais une responsabilité envers toutes les autres femmes de continuer à lutter pour l'égalité et pour le maintien des acquis des générations me précédant. De cette responsabilité découle aussi la conscience qu'il reste encore beaucoup à faire.
 
Mais ma mère et moi, on n'a pas exactement la même vision de ce qu'est une femme féministe, et de comment le féminisme peut aider les femmes à s'émanciper. Je suis d'avis que nos débats viennent du fait que ses combats à elle se font à travers les idéaux de la deuxième vague de féminisme et les miens, à travers ceux de la troisième (si vous voulez plus d'information sur les différentes vagues du féminisme, c'est ICI). Ma mère s'est battue pour un féminisme qui voulait que les femmes puissent travailler, qu'elles puissent se libérer des dictats religieux, qu'elles aient droit à un avortement sécuritaire et légal et que leur corps cesse d'être instrumentalisé et mutilé pour vendre. 
 
C'est de cette différence, je crois, que découle le fait que beaucoup de féministes s'adonnent régulièrement au slut shaming, au chirurgie shaming et a une dizaine d'autres jugements faciles sur les choix des femmes. Ces jugements viennent du fait que plusieurs féministes croient fortement que les femmes qui sexualisent leurs corps, qui ont recours aux chirurgies plastiques, ou même celles qui portent le voile islamique le font parce qu'elles ont été conditionnées à penser qu'elles en font le choix elles-mêmes. En somme, on leur fait croire qu'elles sont maîtres de leurs décisions alors que ça ne serait pas vraiment le cas.  

Alors pourquoi, en tant que féministes, devrait-on quand même cesser de porter ces jugements?
 
Parce qu'en portant ces jugements, on dicte les choix des femmes. Et selon moi, on utilise les mêmes stratégies que celles utilisées pour maintenir en place le patriarcat. On forme un moule unique pour la femme féministe : celle-ci est athée, travaille et n'affiche pas de photos de ses fesses sur Instagram. En voulant permettre aux femmes de faire des choix qui ne sont pas influencés par la société patriarcale, on lui enlève le droit de faire des choix qui sortent de ceux qui sont préapprouvés et on lui refuse la confiance qu'elle puisse avoir l'intelligence et la clarté d'esprit lui permettant de faire des choix pour elle-même.
 
Et de faire sentir aux femmes qu'elles ne méritent pas le respect des autres femmes ou pire encore, qu'elles nuisent à l'émancipation de celles-ci, c'est profondément antiféministe. Faire sentir aux femmes que leurs choix ne sont pas les bons, qu'elles ne doivent pas trop monter (ou trop cacher) leur corps ou le modifier, c'est leur faire croire qu'en tant que femmes, elles n'ont pas l'intelligence et le droit acquis de prendre elles-mêmes ces décisions.
 
Ne serait-il pas nettement plus pertinent de se battre pour agrandir les choix qu'on a en tant que femmes? Ultimement, si l'on se bat pour que les fillettes se voient placées devant plus que le « choix » de s'habiller comme Miley Cyrus tout leur assurant qu'elles sont assez fortes pour faire ce choix quand même, on va avoir gagné une bataille.


                                                                        Crédit : Tumblr

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