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El Shad’ : le premier magazine LGBTQI maghrébin!
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Mes parents sont arrivés au Canada très jeunes. Mon père s'est intégré rapidement et facilement. Pour ce qui est de ma mère, le processus a été un peu plus difficile. Elle est très attachée à ses origines et à ses traditions, et cela entraîne des discussions assez explosives à la maison. Par contre, je respecte énormément sa façon de voir les choses et je dois avouer qu'avec le temps, mes soeurs et moi avons réussi à lui ouvrir les yeux un tantinet. 

Changer les mentalités c'est tout un défi. Ça prend du temps, de la patience et surtout beaucoup d'amour. C'est pourquoi j'aime vous parler d'initiatives avec ce genre de mission. J'ai déjà mentionné le projet Entre Allah et moi ICI, qui donnait la parole à la communauté LGBT musulmane. 

Dans la même veine, le 20 novembre dernier est apparu sur Internet le premier magazine trimestriel s'adressant à la communauté LGBTQI (Lesbienne, Gay, Bisexuel(le), Transsexuel(le), Queer et Intersexe) maghrébine : El Shad'.

TADAM!
 

Crédit photo : www.lelibrepenseur.com

Fondé par O. Harim, un militaire algérien et ses deux comparses Sapho et S. P., El Shad' donne une voix à cette communauté bâillonnée par la religion et la culture arabo-musulmane. Il faut savoir qu'en Algérie, l'homosexualité est encore considérée comme un crime et est passible d'emprisonnement. Pour ce premier numéro, le magazine a décidé de parler de la transsexualité :  « Par sa différence au sein même de la communauté LGBT et plus encore dans une société où la virilité est la jauge de toutes les couches sociales. Être transsexuel(le) c’est faire face à la défiance de la société, mais aussi à ce corps dont on se sent étranger », peut-on lire sur leur page Facebook.

Pourquoi El Shad' ? Tout simplement, parce que le terme signifie « anormal » et serait, selon O. Harim, utilisé en Algérie comme insulte à l'égard des homosexuels : « Nous avons choisi ce nom, car nous revendiquons cette anormalité, au même titre que tout le monde est anormal. Il est aussi anormal d'être blond, roux, blanc ou noir qu'homosexuel. Ce nom a beaucoup suscité le débat, car shad est une insulte reprise par la presse arabophone. »

Nommer ce projet ainsi est selon moi une manière polie de brandir son majeur à tous les homophobes du Moyen-Orient et d'ailleurs. Se réapproprier ce mot et lui en donner une connotation positive ne fait qu'honneur aux fondateurs et à leur réalisation. Créer un média comme celui-là aidera à briser cette chaîne de silence et d'ignorance qui emprisonne l'Algérie et les autres pays du Maghreb. Le magazine sera une belle occasion d'ouvrir la porte au dialogue et surtout permettra aux LGBTQI de prendre la place qui leur revient de droit dans la société arabo-musulmane. 

Avec la montrée de l'intégrisme un peu partout au sein des pays arabes, il devient impératif que des médias alternatifs prônant l'acceptation de la différence et de la diversité culturelle, genrée et sexuelle pullulent le Web. Pour contrer la répression et la propagande des fondamentalistes, il faut des outils de communication comme celui-ci, donnant une voix à la jeunesse, mais aussi une arme intellectuelle de taille face aux fondamentalistes de ce monde. 

Le deuxième numéro bilingue sortira en février et traitera d'amour, histoire de mettre un terme aux clichés véhiculés sur les relations homosexuelles.

Que pensez-vous d'El Shad'?

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