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J’ai tout sacrifié pour un pervers narcissique.
Crédit: kathleenannpastorfide.wordpress.com

C’est inévitable. À chaque temps des fêtes, je me rappelle de cette histoire très plate. Je m’en souviendrai toujours.
 
Il y a plusieurs années, je suis tombée amoureuse d’un gars qui avait une blonde. Son couple battait de l’aile et moi, je venais de me séparer. On a fini par coucher ensemble et ce qui devait arriver arriva : il s’est séparé et on a commencé à se fréquenter. Jusque là, rien d’anormal. Même que c’était très bien.
 
Rapidement, ma vie s’est mise à tourner autour de ce gars-là : je n’avais plus vraiment d’emploi et j’avais interrompu mes études, alors j’avais du temps en masse.
 
J’étais vraiment amoureuse et je faisais TOUT pour l’impressionner. J’étais généreuse, sexy, mystérieuse, bonne amante, bonne amie, compréhensive, drôle, coquine, coquette. Je lui faisais à manger. Je lui rendais des services. Name it. TOUTE. Ça ne me dérangeait pas, car je l’aimais et je pense qu’il en était reconnaissait. Il était lui-même plutôt gentil avec moi, quoique pas très attentionné. Mais bon, on vivait des situations difficiles chacun de notre côté.  
 
Mais il ne voulait pas s’embarquer et moi, je jouais la carte de la fille pas stressée qui ne voulait rien savoir d’une relation étouffante. J’étais rendue l’experte des sites « 10 conseils pour garder un homme ». Je connaissais tous les trucs. Ça demandait de se creuser la tête un peu et de piler sur son orgueil, mais ça marchait.
 
Parallèlement à tout ça, l’ex de Monsieur a continué, pendant des mois, à lui envoyer des courriels d’insultes et à s’accaparer tous les amis de celui-ci (à un point tel qu’il ne les voyait presque plus). En plus, elle s’est liée d’amitié avec MON ex, qu’elle ne connaissait pas et avec qui elle n’avait aucun lien, à part « moi ». Genre, trouvé sur Facebook. La fille, je ne la connaissais même pas, je l’avais croisée une fois. Je ne lui ai jamais rien dit. Je ne sais pas si elle a couché avec mon ex et honnêtement, je m’en sacrais pas mal, même à l’époque. Juste qu’elle soit entrée en contact avec lui me semblait être le geste d’une déséquilibrée profonde. Après tout, ça arrive, des séparations. Il faut en revenir.
 
Mon chum l’avait avertie que c’en était trop, mais elle était en mode vengeance. On en discutait souvent et on se chicanait à ce sujet, même s’il ne l’aimait plus. C’était plus fort que nous. Ça revenait toujours. Bref, même en étant l’ex, elle était « présente ». Ça m’affectait.
 
Puis, on a officialisé notre couple et le problème de l’ex s’est pas mal atténué. Sans doute que ça m’affectait beaucoup parce qu’on n’était pas un « vrai » couple et je me sentais plus vulnérable. Mais le conte de fées, hélas, n’est jamais venu.
 


Crédit photo : 3nter.com

 
J’ai rencontré sa famille et on sortait avec des amis, surtout des gens de son entourage. Je les aimais bien et ça semblait réciproque, mais je sais pas pourquoi, je me sentais mal. Je pensais que j’avais un genre de phobie sociale ou quelque chose comme ça. Je me sentais toujours aussi vulnérable, je pensais que tout le monde me jugeait à cause de l’ex ou pour une raison X et que je n’étais pas intéressante. Et je ne sentais pas mon chum particulièrement compréhensif là-dessus. Il en était conscient et ça a commencé à l’agacer. Faut dire qu’on se retenait, jusqu’à peu de temps auparavant, de faire des trucs avec ses amis.
 
Pourtant, je continuais à mettre autant d’efforts qu’au tout début pour que ça marche. J’étais honnête avec lui, je lui expliquais comment je me sentais devant ses amis, en espérant qu’il comprenne. Je n’étais pas jalouse et je m’efforçais de lui faire comprendre.  J’essayais de faire en sorte que mes malaises ne l’affectent pas trop.
 
Régulièrement, il « prenait ses distances ». Pour lui, c’était normal. On était un couple, mais on ne se voyait que quelques fois par semaine. Quand il pouvait.
 
Souvent, je passais des journées à ne rien faire, à angoisser. À traîner dans mon lit jusqu’à 13 h, quand je pouvais. Quand j’avais une lueur d’espoir, une idée, un projet, je textais mon chum, qui ne me montrait pas plus d’enthousiasme qu’il le fallait. « Cool. On se voit en fin de semaine? »
 
J’ESPÈRE, CRISSE. T’ES MON CHUM.
 
Quand je lui confiais mes angoisses, ses réponses étaient souvent : « T’as besoin de médication », car je voyais un psy, à l’époque. Rien de très constructif ou qui fasse preuve de compassion ou d’affection.
 
Puis, il y a eu des situations très semblables à ceci. Je ne pourrais l’exprimer mieux. Mais à l’époque, je ne le voyais pas. Quand je le confrontais, il parvenait à me rassurer, à « patcher » le problème. Il me critiquait sans cesse et de façon directe, mais en riant, pour que ça passe : ça allait de la cuisson d’un steak à comment j’avais raté mon coup avec mon maquillage, en passant par mes suggestions musicales, mes idées de sorties, le ménage de mon appartement, ce que je m’étais préparé pour dîner, ce que j’avais dit l’autre soir et comment je l’avais dit, ma relation avec mes parents, ma réaction à telle affaire, l’émission que j’étais en train de regarder, etc. On faisait toujours ce dont IL avait envie. Il parvenait toujours à me faire changer d’idée. Jamais il ne voyait mes amis. Jamais il ne voulait faire de projet à moyen ou à long terme avec moi. Il n’avait pas une cenne et vivait au-dessus de ses moyens. Quand je l’invitais dans un bon resto, il se vantait à tout le monde qu’il avait essayé ledit resto et que c’était DONC pas cher, alors que ça coûtait un loyer. Tsé, ta gueule.
 
Mais il était super sociable et drôle. Il aimait faire le party. En public, il ne se prenait pas au sérieux, il était ouvert, il discutait de tout et de rien avec n’importe qui. Tout le monde le trouvait donc smatte et allumé. Moi y compris. « Il t’aime vraiment, c’est clair », qu’on me disait.  
 
Il était plutôt affectueux, mais il n’aimait pas les démonstrations d’amour en public. Impensable de lui prendre la main. Au lit, ça marchait vraiment bien. Mais ce n’était jamais assez pour lui. Il fallait toujours repousser la limite. J’en suis venue à faire des affaires dont je n’avais pas vraiment envie, juste pour ne pas être la fille « qui ne veut même pas l’essayer ». C’était hardcore. Et souvent dégradant. Et il était misogyne. Il faisait constamment des commentaires sur les filles, des mots empruntés à la culture hip-hop que je ne connaissais pas ou des remarques sur les féministes, tournées en blagues. Pour moi, c’était son humour. Je ne voulais pas être rabat-joie.

Et moi, je n’étais plus que l’ombre de moi-même.
 

 
Un jour, je l’ai testé. Je lui ai sorti une phrase comme : « Ah, j’écris vraiment mal. Des fois je me demande si je ne devrais pas faire autre chose dans la vie. Je suis découragée. C’est nul tout ce que je fais. » Vous savez ce qu’il a répondu? « Ouin, c’est sur que t’es pas la plus grande écrivaine, mais tsé, c’est pas grave, ça arrive, tu peux faire autre chose au pire. »
 
Quelques mois plus tard, il m’a laissée. J’ai passé 2-3 jours à brailler, mais j’étais hyper-occupée alors je n’avais pas le temps de m’apitoyer sur mon sort. Je me suis trouvé un rebound (poche, mais bon). À ma grande surprise, ça ne m’a pas affectée plus qu’il faut. Après une dizaine de jours, je me sentais déjà mieux. Tournée vers l’avenir. Et en passant, c’est là où j’ai compris que quand on se fait laisser, la meilleure façon de réentendre parler de l’autre, c’est de ne pas lui donner de nouvelles. Un mois plus tard, il me suppliait à genoux de nous donner une autre chance. J’ai refusé.
 
Je n’avais jamais vraiment su c’était quoi son problème, outre qu’il « a été plate avec moi » et « ça ne pouvait pas fonctionner et c’est mieux ainsi ».  C’est ce que tout le monde me répétait.
 
Puis, il y a quelques mois à peine, j’ai vu passer un article vraiment intéressant.
 
Il y a aussi eu cette campagne sur le harcèlement psychologique que j'ai mis en lien plus haut. J’ai compris que cette fille, c’était moi.  
 
Ouais. Je suis sortie avec un pervers narcissique et je l’ai laissé s’emparer de moi. Un manipulateur. Un toxique. Appelez ça comme vous voulez.
 
Pour 2015, je vous souhaite de faire des choix sensés, qui vous conviennent. Et d’être heureuse.
On mérite mieux que des gens qui ne s’intéressent pas à nous.

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