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Les troubles alimentaires : not skinny, not pretty? Non.
Crédit: pix good

Du 1er au 7 février prochains, c’est la semaine nationale de la sensibilisation aux troubles alimentaires. Organisée par les organismes communautaires Anorexie et Boulimie Québec (ANEB) et la Maison l’Éclaircie, cette semaine a pour but de sensibiliser les gens au réel problème que sont les troubles alimentaires.

Ça m'a donné envie de partager cette partie de ma vie sur TPL. Un peu par désir de faire comprendre à des gens que ce n'est pas une vie. Ça me semble irréel de penser que j'étais capable de vivre comme ça. Je reviens de loin. J'en ai fait du chemin. 

Trop longtemps, j'ai été malheureuse devant mon reflet dans le miroir. Je ne dis pas que je suis complètement en harmonie avec mon corps maintenant. C'est un éternel combat. Je suis toujours à la recherche de l'équilibre. Entre trop manger ou pas assez, faire trop d'exercice ou pas assez. Mais j'apprends tous les jours à être un peu mieux avec moi-même. J'apprends à ne plus buzzer sur mes imperfections. Je sais que l'aide que j'ai eue durant mon anorexie m'a aidée à changer le regard que j'ai sur les p'tites choses de la vie. Je considère que ce sont mes expériences (bonnes ou mauvaises) qui font la personne que je suis maintenant.

Alors voilà comment ça s’est passé pour moi : 

Vers l’âge de 17 ans, j’étais anorexique, mais je ne le savais pas encore. J’étais control freak et je crois que c'est ma quête de la perfection qui m'a menée là. Mes yeux ne fonctionnaient plus. Ils refusaient de voir mon corps tel qu’il était vraiment : maigre. La p’tite voix dans ma tête me répétait sans cesse que j'étais grosse et dégueulasse. Ces pensées constantes étaient aussi autodestructrices qu’un 10 roues qui me passerait sur le corps. Des pensées qui m’obsédaient et me poussaient à perdre le plus de calories possible par jour, tout en mangeant le minimum.

Quand je n’ai plus été capable de contourner la surveillance de mon entourage, j’ai commencé à me faire vomir. Je n’avais pas d’autre choix. Cette nourriture à l’intérieur de moi avait l’effet d’une bombe nucléaire. Je ne la voulais pas dans mon estomac.

Les gens autour de moi se sont rendu compte que ça n’allait pas pantoute. Et, n’étant pas encore majeure, j'ai été hospitalisée. Avec le regard que j’ai aujourd’hui, je trouve que j’ai été chanceuse. Parce que je ne l’aurais jamais fait par moi-même et que je serais probablement encore malade aujourd’hui.

Pour moi, ça s’est passé en 2 étapes. La première, c'était à l’hôpital, où ils te coupent de TOUT. La famille, la télé, les livres, les magazines. Même pas le droit de se lever de son lit, c’est INTERDIT! La seule chose permise, c'était un cahier Canada, pour écrire. Et grossir! That's it! Pas besoin de vous dire que j’ai eu un choc. J'ai fait une crise d'hystérie et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Je me sentais prisonnière et j’en voulais à ceux qui m’avaient envoyée là. 

La seule idée que j’avais en tête, c’était de dire aux intervenants ce qu’ils voulaient entendre et engraisser. Pour pouvoir sortir au plus vite et recommencer. Attitude que beaucoup de gens ont à cette étape. J'en ai vu plusieurs retourner chez eux, car ils avaient pris « assez de poids » pour leur santé physique. Mais dans leur coco, la guérison était bien loin!   

Après un mois et demi, j’étais considérée comme encore trop légère pour retourner chez moi. Alors, j'ai été transférée à l’hôpital pour le cerveau. À ce moment-là, c'était la pire nouvelle de ma vie, mais c’est là que ma véritable guérison a commencé. Malheureusement, ce n'est pas le cas pour tout le monde. Beaucoup de personnes font seulement un suivi externe et continuent à s'autodétruire quand même.

La semaine de la sensibilisation aux troubles alimentaires est là (entre autres) pour ces gens, leur entourage, leurs amis. C'est parce que c'est en parlant de la maladie que certains réaliseront qu'ils doivent mettre fin à ces comportements.  

Au Québec, plus de 100 000 femmes souffrent de troubles de l’alimentation. C’est énorme! Et encore trop de gens comprennent mal que c'est une maladie. Même combat que pour beaucoup de maladies mentales. Ils croient que ce sont des caprices et que tout va se régler si la personne recommence à manger. Et c’est aussi pourquoi une semaine comme celle-là est nécessaire.

Il y aura PLEIN d’activités un peu partout dans la province. Je trouve ça génial, parce que les gens sont appelés à participer activement! Il ne s'agit pas seulement de campagnes publicitaires qui poussent à parler de la maladie, mais qui passent vite à l’oubli. 

Pour avoir plus d’informations et voir le calendrier des activités, cliquez ici.

Comment est votre relation avec la bouffe? Trouvez-vous aussi important que moi d'avoir une semaine comme celle-là?

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