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Parasuco ferme ses portes dû à la difficulté à s’adapter au commerce du détail. Qu’est-ce que ça veut dire?
Crédit: Leloi

J’ai une drôle de semaine. Avec notre tournage de « À 4 épingles », on a été faire des emprunts chez des détaillants d’ici. C’était le fun. Ça m’a vraiment donné le goût de dépenser de l’argent. Que je n'ai pas vraiment. Je me retiens, pis j’attends mon retour d’impôt! Ha. 

C’est une drôle de semaine parce que j’ai aussi eu la chance de visiter un manufacturier de vêtements sur Chabanel. Je suis toujours mitigée quand je visite ce secteur. Autrefois, c’était vraiment vivant (il y a 10 ans, quand j’ai commencé à étudier en mode) et maintenant, on dirait que le secteur est sous respirateur artificiel. Il y a des organes (pour continuer la métaphore han) qui fonctionne tellement bien, quand d’autres sont juste en mode (!) survie.

Bref, Parasuco ferme ses boutiques. Ça commence à faire pas mal, après Jacob, Smart Set, Target, Mexx. Ajoutons à cette liste le fait que Bedo a déclaré faillite cet été, mais a été racheté par ses actionnaires. Dans la catégorie ça-ne-va-pas-très-bien-en-mode, il y a aussi des difficultés chez Femme de Carrière, Joshua Perets, Limité, Le Jean Bleu, Les Entreprises Vagabond (enseignes Hangar, Studio et Revue) selon cet article de La Presse

La plupart des compagnies sortent la même excuse ; c’est difficile de s’adapter au commerce de détail qui change. Comme ça fait plusieurs fois que je parle de faillites et de fermetures, je voulais expliquer ce que ça veut dire et c’est quoi les principales difficultés du monde de la mode. 

  • Manque de fidélité des consommateurs. Avant l’arrivée des grandes marques de fast fashion, mais aussi avant l’ouverture des barrières, les consommateurs achetaient local, car c’était l’offre la plus abondante. Avec l’ouverture des barrières et surtout le fait que l’offre internationale est de plus en plus diversifiée, le consommateur a beaucoup plus de choix et vacille facilement entre les marques. 
  • ​Gestion du changement longue et difficile. Dans une grande entreprise, on ne peut pas changer tout rapidement. Il y a une résistance aux changements, beaucoup d’étapes, le coût des infrastructures est élevé, il y a manque de recul, une dichotomie entre ce que les entreprises veulent donner comme image de marque et ce qui intéresse vraiment le consommateur. Avec tous ces facteurs, il n’est pas rare de voir un changement s’effectuer sur plusieurs années, et c’est plus facile de manquer le bateau ainsi.
  • ​Le manque de compréhension du web en général. Il ne suffit pas de mettre ses affaires en vente en ligne pour que les consommateurs les achètent. Une présence sur le web est essentielle et ce n’est pas toutes les marques qui comprennent comment faire une gestion efficace de tout cela. Même si les consommateurs sont encore frileux des achats sur internet au Québec, c’est en ce moment que les marques doivent montrer qu’elles sont là. Et surtout, offrir un service à la clientèle qui est efficace. 
  • La compétition féroce entre les magasins de fast fashion et les autres boutiques. Pas de surprise ici, le marché a vraiment changé de ce côté-là. La difficulté n’est pas seulement de surprendre le consommateur, mais bien de compétitionner avec le volume de production des marques. Souvent, les boutiques d’ici sont off d’une saison ou deux à la place de chercher à être à l’avant-garde. 
  • Un désir d'expension trop rapide. Avant, c'était plus facile d'envahir le marché. Maintenant, il est mieux d'avoir une courbe d'expension moins grande, mais une meilleure adaption aux marchés et une bonne présence sur le web. Une boutique physique coûte cher et a peut-être moins d'impact qu'une bonne présence sur le web. 

Bref, c’est encore un coup dur pour la mode québécoise (même si ça fait depuis mon secondaire que je ne porte plus de Parasuco ) et je suis certaine qu’il y en aura d’autres dans les prochains mois. 

Qu’est-ce que vous pensez de toutes ces fermetures? 

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