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Un gate signé Diane Blain, « la xénophobe voilée ».
Crédit: Sonia Ghaya

Je ne suis pas une fille méchante de nature. Je n'aime pas la violence, la négativité, l'intolérance, alouette. Par contre, quand on me cherche, on me trouve et je n'ai aucune honte à sortir les griffes pour me défendre. 

Le gate entourant Diane Blain, c'est le genre de situation qui me fait sortir de mes gonds. J'ai beau prendre de grandes respirations, faire du yoga et boire une camomille, rien ne calme ma rage.

Crédit : Capture d'écran/Facebook

La polémique au départ me laissait indifférente. J'étais trop occupée à fêter mon anniversaire et à contempler ma nouvelle cuisine. C'est lorsque que j'ai constaté la proportion démesurée qu'a pris sa déclaration que je me suis mise à réfléchir. Je sais, c'est un scandale comme un autre. Je sais que je ne devrais pas y accorder tant d'importance. Je sais que ce ne sont pas tous les Québécois qui pensent ainsi. Je sais tout ça. 

Je ne vais pas vous mentir. Ma relation avec le Québec s'effrite de jour en jour. Et ce, malgré mon amour pour la province et ses habitants. Il y a longtemps que je m'y sens plus chez moi, même si je suis née en plein hiver québécois. Le Québec, c'est l'amant qui doucement se tanne de venir veiller dans mon lit. Qui va sûrement me laisser pour une autre, mais qui n'a pas le guts de me le dire. Je trouve ça triste, parce que je sais que si on avait une vraie belle discussion autour d'une bouteille de vin, on pourrait redevenir le couple fort qu'on a été. Je sais que ce n'est pas perdu, mais le chemin vers la réconciliation est parsemé d'embûches.

T'sais madame Blain, je vous comprends. Je comprends cette peur, je comprends votre discours. C'est juste que cet incident fait écho à un mal plus grand qui gruge notre société ces derniers temps. Et moi, c'est ça qui m'effraie. Cette xénophobie assumée. Cette xénophobie qui se cache derrière des « mais », des « vous autres »,  des « nous, les Québécois de souche», etc. Cette xénophobie qui prend toute la place sans aucune gêne. Cette xénophobie qui est devenue normale. Juste normale. 

Je comprends votre appréhension à l'égard du voile. Ce bout de tissu qui heurte vos valeurs, qui entache selon vous les batailles féministes de vos ancêtres, qui vous rappelle la Grande Noirceur de Duplessis. Je sais que vous voyez en ce foulard un obstacle, un affront à ce pourquoi nous les femmes, nous nous battons jour après jour : l'égalité des sexes. Pourtant, si vous saviez ce que le hijab représente pour ces femmes, vous ne penseriez plus ainsi. Parole de Sonia. 

Elles ont des diplômes, travaillent, payent des impôts et ont le droit d'être traitées comme des citoyennes à part entière. J'ai l'impression qu’être voilée en 2015 se résume à un éternel combat avec le monde. C'est de prouver #alldayeveryday qu'elles sont AUSSI bonnes, compétentes, intelligentes que celles qui ont les cheveux au vent. Il y a quelque chose de très injuste dans toute cette saga et ça me brise le coeur.

En attendant, j'ai terriblement mal à mon pays. Terriblement mal, pour toutes ces femmes voilées qui se tiennent dans l'ombre de peur de déranger. Qui ne veulent en aucun cas attirer l'attention. Déjà qu'ils ne nous aiment pas, il ne faudrait pas en rajouter, qu'elles se disent. 

Je souffre pour mon père qui, au travail, est l'objet de taquineries de ses collègues. 

Je souffre pour mon copain qui doit toujours expliquer que sa douce moitié est musulmane, mais UNE BONNE MUSULMANE. 

Je souffre pour moi, quand lors de discussions enflammées sur l'Islam, j'ose dire que je suis musulmane parce que ce n’est pas écrit sur mon front. 

Je souffre en silence, parce que j'ai l'étrange sentiment d'aller à contre-courant et de donner des coups d'épée dans l'eau. 

Et parfois c'est lourd. 

C'était ma montée de lait.

Scusez-là!

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