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L’éclaircissement de la peau dans la communauté noire, ce fléau de société.
Crédit: LIFE Magazine

Cette semaine, je tiens à vous parler d'une problématique qui me touche particulièrement et dont on n'entend pas assez parler. 

Le blanchiment de la peau
Pour ceux qui ne le savaient pas, il existe des crèmes qui ont ce pouvoir magique – et effrayant – de vous faire pâlir d'un, de deux, voire trois tons de votre couleur de peau naturelle. L'industrie qui la chapeaute est tellement florissante qu'elle comprend des adeptes au sein de plusieurs pays africains (Nigéria, Togo, Afrique du Sud, Cameroun, Mali) ainsi qu'ailleurs dans le monde.

Crédit : Info-Afrique
 

Certains pays comme la France ont interdit l'utilisation de ce genre de produits sur leur territoire, mais ça n'a pas empêché les trafiquants de mener à bien leurs affaires. La liste des risques reliés à cette pratique est longue comme le bras :

  • diverses lésions et brûlures cutanées;
  • ​les substances contenues dans ces crèmes sont toxiques pour le corps; 
  • ​les effets secondaires sont irréversibles. What's up, cancer de la peau!

​Les déclinaisons sont nombreuses : crèmes pour le corps, pour le visage, savons, gommages et même des sérums avec « huiles essentielles » miracles. En voici un exemple : 

Wrong, wrong, wrong ou l'art d'utiliser de beaux mots pour faire mousser les ventes. Je me rappelle qu'enfant, une de mes tantes utilisait quotidiennement des crèmes pour éclaircir son teint. Du haut de mes 4 pieds et dans ma jeune tête, c'était quelque chose de très anodin, car très courant. Ce n'est que plus tard que j'ai compris tout le malaise qui s'y cachait réellement.

Un complexe vieux comme le monde
Comment être surpris d'un tel phénomène chez les femmes noires – spécifiquement – quand on jette un coup d'oeil dans l'histoire du monde? Qu'on se comprenne bien, le problème ne date pas d'hier, ni même d'avant-hier. La colonisation de l'Afrique et l'esclavage n'ont pas seulement fait des dommages irréversibles durant le 17e siècle. Leurs effets – incluant la glorification d'un seul modèle de beauté, celui occidental – sont encore bien présents, quoique sournois, dans nos sociétés modernes. L'estime qu'ont les jeunes filles et garçons noirs d'eux-mêmes s'en trouve donc profondément affectée, et ce, de façon plus ou moins consciente. 
 

Crédit : Quick Meme

Comment expliquer que les jeunes filles noires préfèrent la fameuse poupée blanche à la poupée noire qui est pourtant à leur image? Comment expliquer que dans leurs têtes d'enfant, la poupée blanche soit synonyme de beauté et la poupée noire de laideur? Comment expliquer qu'au sein même de la communauté adulte, la femme noire de peau claire est considérée, par défaut, comme plus belle que celle de couleur plus foncée? Pour vous donner un exemple concret, le terme yellow bone est souvent utilisé dans le jargon de la culture populaire afro-américaine pour désigner la femme noire très claire, souvent métissée, belle et sexy par défaut. Vous l'avez fort probablement entendu dans une ou plusieurs chansons rap ou hip-hop.

La beauté noire
La beauté noire a traversé mille et une épreuves au cours des années, des décennies, voire des siècles. Ce n'est qu'en 1965 qu'une femme noire a fait la couverture d'un magazine de mode (Harper's Bazaar, numéro de janvier 1965). Par la suite, les autres publications ont emboîté le pas : Vogue avec Donyale Luna, Glamour avec Katiti Kironde et le magazine LIFE avec Naomi Sims. 50 années séparent 2015 de 1965. 50 ans, sur la ligne du temps, c'est des peanuts. 

Crédit : LIFE 

La problématique est aussi très présente en Asie et en Inde, où les jeunes femmes usent de mille et une stratégies pour avoir le teint le plus pâle possible. En moyenne, la vente de ces produits représente 10 % du marché des cosmétiques en Asie. Make it rain, comme on dit. 
 
Paradoxalement, le phénomène inverse est tout aussi présent : des personnes avec la peau blanche qui aspirent à avoir le teint le plus foncé possible d'un point de vue esthétique. Les excès de bronzage à longueur d'année n'en sont que la pointe de l'iceberg. 

L'être humain est cette drôle de créature qui, par le plus grand des hasards, voudra toujours ce qu'il ne peut pas avoir. Plusieurs lois existent pour condamner ces pratiques, mais mon petit doigt me dit qu'il en faudra plus pour changer les choses. Genre, apprendre aux plus jeunes à s'aimer tels qu'ils sont, les valoriser et non leur inculquer qu'il n' y a qu'un seul modèle de beauté à suivre.

Sur ce, je vais laisser ici cette adorable vidéo d'une petite fille qui fait une crise… parce qu'elle veut être noire. Oh, darling…
 

Crédit : Bestvinevideos2015/YouTube
 

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