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#IndiasDaugther : on n’en a pas assez parlé et c’est révoltant. Fait que voilà, on en parle.
Crédit: CBC The Passionate Eye

Dans le cadre de la Journée internationale pour les droits des femmes, CBC a lancé le documentaire India’s Daughter. Ce documentaire d’une heure, fruit d’une collaboration entre UK-India, Assassin Films et Tathagat Films et produit par Leslee Udwin, met en lumière la culture de la violence sexuelle contre les femmes en Inde, grâce à des entrevues avec différents intervenants de la justice.

Le film a été projeté dans 15 pays un peu partout dans le monde, mais l’Inde elle-même l’a censuré, prétextant que les images et les propos tenus ne feraient qu’empirer la violence sexuelle.

L’angle choisi est celui du cas de Jyoti Singh. Qui ça?

Jyoti Singh, une jeune indienne de 23 ans de caste modeste, est décédée en décembre 2012 des suites d’un viol collectif extrêmement violent perpétré par 6 hommes, dans un autobus de Delhi.

L’événement a créé un émoi sans précédent auprès de la communauté internationale, particulièrement en Inde, où des manifestations se sont tenues pendant près d’un mois. Le peuple demandait à ses dirigeants de revoir les lois afin d’enrayer la violence sexuelle faite aux femmes, qui est extrêmement banalisée. Le documentaire parle d’un viol toutes les 20 minutes.

Revenons à India’s Daughter. De nombreux intervenants de cette histoire et de la justice en général ont été rencontrés pour ce film. Des ministres, des juges, des proches de la victime, mais aussi les avocats des violeurs ainsi que Mukesh Singh, l’un des violeurs.   
 


Mukesh Singh, l'un des violeurs. Il soutient n'avoir pas participé au viol et s'être contenté de conduire l'autobus.
 Crédit : India's Daughter
 

Justement, c’est à cause de l’intervention des criminels et de leurs avocats que l’Inde a reculé. Les dirigeants du pays ont dit craindre de voir de nouvelles manifestations enflammer les rues. Dans un article du Times of India, le journaliste disait que le ministre de la Justice M.C. Nanaiah bannissait India’s Daughter car il n’y voyait qu’un moyen de ternir l’image de l’Inde. Lors d’une entrevue à Radio-Canada, Guy Taillefer, correspondant pour Le Devoir en Inde pendant 5 ans, disait y voir plutôt du déni, que le pays refusait de voir la vérité en face.

Ce déni est exactement le pourquoi de la résistance d’une telle violence. Le déni, mais aussi la mentalité traditionnelle indienne, selon laquelle une femme est fragile et doit être protégée, mais que si elle a l’étourderie de se promener seule à des heures incongrues, elle mérite d’être violée/battue/défigurée à l’acide. Les avocats interrogés dans le documentaire adhèrent largement à cette vision.


Les 2 avocats de la défense, respectivement M. L. Sharma et A. P. Singh
 Crédit : Montage de Marie-Eve Jarry

Sans parler bien sûr des violeurs, pour qui ces principes ne sont que faits établis : « Housekeeping and houseworking are for girls, not roaming in discos and bars at night, doing wrong things, wearing wrong clothes. »

Heureusement, des centaines de millions d’Indiens ne semblent plus adhérer à cette vision des rôles sociaux et c’est tant mieux. Les manifestations en réponse au viol de Delhi l’illustrent parfaitement.

Récemment, c’était la journée internationale pour les droits des femmes. India’s Daughter illustrait parfaitement, à différentes échelles, le problème auquel veut s’attaquer cette journée : le plus gros du combat se passe sur le plan des conceptions sociales les plus profondément ancrées dans l’inconscient collectif. Les choses doivent changer.

Avez-vous vu ou entendu parler de India’s Daughter

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