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Cabane à sucre halal : YAY ou NAY?

Auteur: Sonia Ghaya
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Cabane à sucre halal : YAY ou NAY?
Crédit: Montage par Sonia Ghaya

Ma première expérience avec la cabane à sucre a été un peu traumatisante.

Je devais avoir aux alentours de 8 ou 9 ans et, avec ma classe, nous sommes allés nous sucrer le bec toute une journée bien loin de Montréal. Même si j'étais jeune et pas pratiquante pour deux sous, je ne mangeais pas de porc. En fait, chez moi, c'était comme ça. On ne suivait pas nécessairement tous les piliers de l'Islam, mais aucun groin ne se pointait le bout du nez sur notre table (lolol). C'était comme ça et c'est tout. 

Je ne sais pas ce qui m'a prise. L'envie peut-être d'être comme tout le monde ou tout simplement de braver l'interdit, mais j'ai osé prendre une bouchée de jambon, comme ça, sans crier gare, après avoir ingurgité ma soupe aux pois. 

Oui, j'ai eu des remords. Pis j'ai pleuré toutes les larmes de mon petit corps d'enfant dans les bras de ma mère. 

Fin de mon anecdote.

On peut dire que depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Il existe dorénavant des cabanes à sucre avec un menu halal, comme la Cabane à sucre Paquette qui sert entre autres des saucisses au poulet et des fèves à base de légumes. En faisant mes recherches, je suis même tombée sur l'Auberge Handfield qui offre des repas végétaliens et sans gluten #DiversitéGastronomique.

Est-ce une bonne chose? La petite fille en moi pense que oui. Elle se dit que maintenant, les enfants de confessions musulmanes pourront, comme leurs camarades de classe, profiter du temps des sucres sans contraintes alimentaires ni remords. D'un autre côté, je comprends que l'adoption de ce type « d'accommodement » peut être frustrante pour une partie de la population. Que ça peut faire peur.

Entre les deux, mon cœur balance. 

J'ai longuement réfléchi à la question. Je voulais comprendre mon malaise. Moi qui ai toujours été de ceux qui croient au fameux adage « vivre et laisser vivre », je n'arrivais pas à saisir le pourquoi de mes réticences. Certains m'ont dit que j'associais la cabane à sucre à l'histoire du Québec, à son héritage et que ce changement est un affront à la culture d'ici. Je n'irais pas jusque-là. Je pense tout simplement qu'il est difficile parfois de lâcher prise sur certaines réalités ancrées dans nos coutumes, que l'on perçoit comme un pan de notre identité individuelle et collective. 

D'un autre côté, nous sommes en 2015 et de ne pas présumer que Montréal – pour ne pas dire le Québec – est une ville multiculturelle et que nous en sommes là en tant que société, à faire ce genre « d'accommodement », me laisse perplexe. Je ne dis pas qu'il faut tout refaire et repenser en fonction des communautés culturelles, mais je me demande où est le mal à vouloir lever quelques barrières. En fait, je serais vraiment hypocrite de chialer sur ces menus halal, moi qui n'arrête pas de clamer haut et fort que le Québec devrait être plus ouvert, que nous devrions tendre la main vers notre prochain, établir un dialogue, etc. 

Que ce soit dans un but mercantile ou tout simplement un geste démontrant une certaine ouverture d'esprit, ces cabanes à sucre nous donnent à TOUS une grande leçon d'humanité.

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