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Culture du viol et jeux vidéo : un gros malaise.
Crédit: Montage par Marie-Eve Jarry

2015 est une année fructueuse pour Nina Freeman. La créatrice de jeux vidéo a d’abord lancé, le 31 mars dernier, Freshman Year, qui porte sur l’attention non désirée. Le joueur débarque dans un bar sous les traits de Freeman et doit choisir les répliques appropriées pour éviter d’être violé. #Awkward
 


Crédit : Captures d'écran/Freshman Year
Plus tard cette année (la date n’est pas encore confirmée), Freeman lancera également Cibele, une fausse plate-forme en ligne, avec des joueurs fictifs. On ouvre des conversations qui deviennent plus ou moins sexu et on doit gérer l’évolution de la chose. Notre personnage d’environ 18 ans peut même envoyer des photos en tenue légère.
 


Crédit : Cibele Trailer/YouTube

Pour recréer l’ambiance instable d’adultes un peu crus pour rien en pleine découverte de leur sexualité, l’auteure a écumé ses anciens laptops pour ressortir de vieilles conversations. Grâce à ça, Freeman a réussi à rendre son jeu si réaliste que ça en devient malaisant. Le ton, les réactions des interlocuteurs, les expressions employées, tout ça nous donne carrément l’impression que c’est notre propre vie qui est mise en scène.
 
J’ai joué une partie de Freshman Year et croyez-moi, j’avais l’impression de lire des messages textes de mes propres amies tellement ça s’approchait de la réalité. Choisir mes répliques était tout un défi. D’autant plus que ce n’est pas écrit noir sur blanc que telle réplique nous sauvera la vie alors qu'une autre nous fera finir la soirée dans une ruelle sombre.
 
Comme chaque réplique mène à un dénouement différent, si on rate, c’est de la faute du joueur. Ne pas dire la bonne chose, ne pas être habillée de la bonne façon, ne pas parler à la bonne personne… ça vous rappelle quelque chose?
 
Nina Freeman contribue à mettre la faute sur le dos de la victime.
 
La culture du viol n’est-elle pas déjà trop présente? N’est-ce pas déjà aberrant qu’une femme sur trois ait été victime d’agression sexuelle depuis l’âge de 16 ans et qu’en même temps, on estime à 90 % la proportion d’agressions sexuelles non dénoncées?
 
Alors est-ce que c’est vraiment nécessaire de s’inspirer de ce sujet pour créer un jeu?
 
D’ailleurs, un « jeu », tel que défini par mon ami Le Petit Robert 2015, se décrit comme « une activité physique ou mentale purement gratuite, qui n’a, dans la conscience de la personne qui s’y livre, d’autre but que le plaisir qu’elle procure. »
 
Je ne crois pas que de tenter d'échapper à un viol, même simulé, est une chose qui procure du plaisir. 
 
Parce que le viol, ce n’est jamais petit et ce n’est jamais simple. Beaucoup de gens ne comprennent encore pas la gravité de ce geste, entre autres à cause de choses comme celle-là. Et quand on en est victime, on ne peut pas juste revenir à la page d’accueil.
 
Pour sa part, Nina Freeman explique que ce sont des jeux autobiographiques, dont le processus de création de chacun l’a aidée à comprendre ses comportements et à faire le deuil de relations diverses.

C'est vraiment plate pour elle et ses mauvaises expériences, mais suis-je la seule à trouver ça malaisant de se purger en imposant les mêmes épreuves aux autres?
 
Oh, by the way, Freshman Year nous met en garde sur son site Internet :
 

Crédit : Capture d'écran/Freshman Year

 
Ai-je besoin d’en dire plus? Qu’est-ce que vous en pensez? 

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