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Ton quartier littéraire : le Mile-End dans Hadassa de Myriam Beaudoin!
Crédit: RCI Radio-Canada International

J’ai toujours ressenti une espèce de curiosité envers la culture juive depuis ma 6e année, où je me souviens avoir été en contact avec les écrits d’Anne Frank pour la première fois. Mon père avait plein de romans du Reader’s Digest et je suis tombée sur un texte de Miep Gies, une des personnes ayant aidé Anne Frank et sa famille durant la période où ils étaient cachés. J’ai été fascinée par l’histoire et je l’ai été tout autant quand je suis tombée, par pur hasard aussi, sur le roman à la couverture épurée et au titre un peu exotique qu’est Hadassa, de Myriam Beaudoin.
 


Crédit : Myriam Beaudoin
 
Le roman de Myriam Beaudoin nous ouvre une porte sur le quotidien et l’univers de la féminité juive. La lecture du roman m’a transportée au bout du monde, comme seule une balade dans le Mile-End peut le faire. On chevauche les cultures comme le quartier chevauche la frontière avec Outremont. On est à la fois si loin et si près.

Deux histoires s’entrelacent : celle d’Alice, une institutrice québécoise, une goyim enseignant dans un collège de jeunes filles juives hassidiques, qui doit accepter que malgré tout l'amour qu'elle porte à ses jeunes élèves, elle ne pourra jamais faire partie de leur monde, et en parallèle, une histoire d’amour interdite entre un épicier polonais et une femme mariée hassidique. Une histoire d’amour vouée à un instant de contemplation furtive rue Waverly et jamais à la grande passion.

L’importance du lieu se fait ressentir. L’auteure s’attarde à décrire un endroit qui prend des allures de mythe. On y découvre des endroits imaginés qui abriteront des secrets et des amours clandestins et des endroits véritables, comme la boulangerie Cheskie sur Bernard, qui deviendra le lieu de réconciliation des cultures, le lieu commun de la rencontre et de l’ouverture qui laisse présager une communion avec l'autre.
 


La boulangerie Cheskie au 359, rue Bernard Ouest, où se trouvent les fameux kokosh et les meilleurs babkas au monde.
Crédit : La Presse
 
Lire Hadassa, c’est faire une promenade dans le Mile-End et se permettre de poser un regard nouveau sur une culture qu’on connaît de près et de très loin à la fois. C’est marcher sur Saint-Viateur, Saint-Urbain et Fairmount et pénétrer un univers interdit. C’est faire un détour loin des lieux connus du quartier pour habiter l’espace nous séparant d’une communauté secrète et mystérieuse. 

« Le passage d’une saison à l’autre, le bout des branches qui cogne et glisse sur la fenêtre embuée coin Waverly, c’est le rose, le blond, le bleu, le vert qui se mêlent aux bémols d’une sonate, c’est un nouveau battement du cœur, c’est la fin de quelque chose, le début d’autre chose, c’est la vie qui tourne étourdie tout à coup, les mains qui se crispent, se moitent, des yeux qui ne seront plus jamais les mêmes, la naissance de deux insomnies […] ­»

Avez-vous lu Hadassa?

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