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La vingtaine, ou plonger vers l’inconnu.
Crédit: Montage par Éloïse Dubé

La crise de la vingtaine. On en a déjà parlé, et on en parlera possiblement encore. La crise existentielle. L’indépendance. Apprendre à vivre avec soi-même, mais avec les autres aussi. Apprendre à mieux se connaître, à se découvrir (ou à se redécouvrir). Faire des choix pour notre futur.

Imaginez-vous le plus haut des plongeoirs de la piscine où vous alliez vous baigner quand vous étiez jeunes. Vous en souvenez-vous? Comment il était haut, imposant. La vingtaine, pour moi, c’est comme le moment où je me suis rendue sur le tremplin, après la dernière marche. Mais là, je n'ose plus avancer parce que j'ai peur et que je ne sais pas trop par où commencer.
 

Toute votre jeunesse et votre adolescence, vous avez fait des choix, vous avez monté les marches. Vous les avez franchies, non sans crainte. Vous aviez un but : vous vouliez sauter du plus haut des plongeoirs. Arrivées en haut, vous ne saviez plus trop quoi faire. C’est que c’est vraiment haut finalement. Plus que vous ne le pensiez. Et là-haut, il n’y a personne d’autre que vous. Rendues là, il faut faire un choix : redescendre l’escalier ou continuer. Les deux choix vous font peur. Vous n'avez jamais vraiment aimé les hauteurs, mais vous n'avez jamais aimé descendre des escaliers non plus. Ça vous fait plus peur que de les monter.

Alors, vous décidez d’avancer. Tranquillement. À mi-chemin, vous réalisez que votre objectif ne vous motive plus tant que ça, mais qu'il est un peu tard pour changer d’idée. De toute façon, vous êtes presque arrivées.

Ah, pis fuck off. Vous avez trop la chienne finalement. Vous vous l’avouez, vous n'avez jamais vraiment voulu sauter d’en haut, c’est juste que tous les autres le faisaient. Pis t’sais, vous êtes capables vous aussi. Vous reculez de quelques pas, assez pour pouvoir vous agripper aux barres de métal du plongeoir.  

Après quelques instants, vous changez encore d’idée. Vous voulez sauter. Pas pour les autres. Pour vous prouver que vous pouvez sauter en bas. Alors, vous continuez d’avancer. Tranquillement. Parfois, vous reculez aussi. Vous n'êtes pas certaines. C’est que ça fait peur, l’inconnu.

Finalement, au bout d’un (possiblement très long) moment, vous réussirez à sauter. Et même si ça vous a peut-être pris plus de temps qu’aux autres, l’important, c’est que vous ayez réussi. Et que vous savez pourquoi vous l'avez fait.
 

En ce début de vingtaine, je sens que la vie ressemble un peu beaucoup à ça. Avoir les deux pieds sur le gros tremplin qui fait peur, en ayant une vague idée d’un objectif que j'aimerais atteindre. Toujours me demander si c’est réalisable, si je vais être capable. Y aller un pas à la fois. Une journée à la fois.

Reculer parfois de quatorze petits pas incertains pour avancer de seulement deux pas.

Mais deux pas plus confiants.

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