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La pilule abortive serait bientôt offerte au Canada et c’est vraiment une bonne nouvelle!
Crédit: Montage par Jeanne Séguin

Quand j’ai visité mon nouveau gynécologue pour mon examen annuel, il m’a demandé si j’avais déjà vécu une grossesse et j’ai répondu non sans même y réfléchir. Il a insisté en me demandant si j’avais déjà subi un avortement. J’ai répondu non, encore. L’espace d’une seconde, il a semblé étonné. 

De mon côté, j’ai réalisé quelque chose. J’ai réalisé combien de filles de mon âge avaient fait face à cette difficile décision. J’ai réalisé combien de fois j'avais moi-même eu un cycle hormonal irrégulier. J'ai pensé à quel point c’était facile, dans le fond, de tomber enceinte. Et j’ai pris conscience des répercussions de ma santé reproductive sur ma vie, sur mes décisions et sur mes plans d'avenir. Pour moi, c’était une confirmation d’une opinion que j’avais d’abord et avant tout pour des raisons idéologiques : les femmes ont le droit irrévocable d’être en contrôle de leurs choix reproductifs. Point final. Dans toutes les situations et pour un nombre illimité d’occasions. Comme société, nous devons donc choisir collectivement d’appuyer ce droit, de le rendre accessible autant d’un point de vue financier que pratique. 

C’est là que la pilule abortive entre en jeu. Son approbation prochaine par Santé Canada est selon moi l’une des meilleures nouvelles pour la santé féminine depuis très longtemps. Alors qu’elle est légale aux États-Unis depuis plus de 15 ans, qu’elle existe en France depuis 1988 et qu’elle est légale dans 50 pays, il est toujours illégal de se la procurer au Canada pour l'instant. Son approbation par Santé Canada nous permettrait de faire un grand pas pour l’accessibilité pratique de l’interruption volontaire de la grossesse. 

Pourquoi? 

Parce qu’elle permet, sans aucune intervention chirurgicale, d’interrompre une grossesse jusqu’à la 7e semaine. Considérant qu’actuellement le temps d’attente minimum pour un avortement atteint 6 semaines, l’accès à cette pilule permettrait un avortement plus précoce, donc plus sécuritaire et ayant moins de séquelles. 

Parce que psychologiquement, garder un bébé dans son ventre pendant autant de temps en attendant son avortement, ça peut créer des dommages irréparables. 

Parce que ça donne aux femmes le contrôle complet sur leur décision de terminer une grossesse non désirée. 

Parce que ça permet aux femmes vulnérables de garder secrète leur décision, quand cela est nécessaire pour leur sécurité. 

Parce que les femmes en région éloignée ou qui habitent à l’Île-du-Prince-Édouard (où l’avortement est très fortement limité) pourront y avoir accès, ce qui facilitera leur processus d'interruption de grossesse. 

Et finalement, parce qu’elle n’entrave pas la vie professionnelle des femmes qui doivent avoir recours à l’IVG. En effet, les femmes choisissant la pilule abortive n'auront pas à manquer une journée de travail comme c'est le cas lors d'un avortement en clinique.

C’est donc une excellente nouvelle pour les femmes, pour la société canadienne et pour son système de santé. C’est une excellente nouvelle pour vous, pour moi et pour notre droit de faire nos propres choix. C’est une bonne nouvelle qui, finalement, aurait dû arriver avant. 

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