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La fois où on m’a demandé de retourner dans mon pays.
Crédit: Montage : Josiane Stratis

Ça fait un bout que j’ai arrêté de faire des statuts choquants. J’étais tannée : ça me prenait de l’énergie pour pas grand-chose et je me suis rendu compte aussi que les gens ne changent pas d’idée, même si tu as les meilleurs arguments du monde. Je parle du temps qu'il fait, de quand je fais de l’exercice et de quand je mange un fruit, parce que j’aime moyen ça les fruits. Je parle de mon garçon aussi. C'est pas mal tout.
 
Sauf que mercredi soir, en finissant de travailler vers 23 h, mon chum s’est endormi en même temps que le bébé. Ça ne me tentait pas de faire des tâches. Donc, j’ai commenté un partage d'une vidéo BuzzFeed qui disait «  I'm muslim, but I'm not… ». Une gentille vidéo qui explique par des exemples concrets que les musulmans ne représentent pas un groupe homogène, que chaque individu est différent. 
 
Une personne a alors servi le classique : « Moi et mes amis asiatiques et noirs, on soupait et on pense que ce n’est pas du racisme de se baser sur des arguments géopolitiques. » J’ai juste voulu apporter une nuance. Peut-être que je m’y suis prise de la mauvaise façon. I don't know, I don't care. Reste que, le lendemain matin, une femme m’a dit de retourner dans mon pays si je n’étais pas contente.
 
Mon pays, c’est ici. Je suis née ici. Mon père et ma mère sont nés ici. Mon grand-père est venu de la Grèce dans les années 50 pour en finir avec les horreurs de la guerre. Peut-être qu’à cause de ça, je pars avec une longueur d’avance. La famille de ma mère a longtemps rejeté mon père et notre famille un peu parce qu'il était anglophone. Donc, on peut dire que je n’ai pas la famille la plus tolérante qui existe. Mais ça m'a permis d'éveiller ma sensibilité face à l’immigration.
 
Quand j’ai des réflexes de blanche privilégiée, j’aime bien les challenger. Ça veut dire que je me pose des questions. J’essaie de voir ça vient d'où. Si c’est motivé par la peur, si je prends des faits divers pour en faire de grosses nouvelles. J’essaie aussi de voir ce que je veux montrer à mon enfant comme valeurs. Ça fait du bien de se poser des questions. J’ai aussi fait un cours universitaire pour mieux comprendre les religions et je m’intéresse aux différentes pratiques religieuses parce que je trouve que ça me permet de mieux comprendre les autres.
 
Jamais je ne me demande si quelqu'un est Canadien ou pas, un « vrai » Québécois de souche ou pas. Que quelqu'un ait deux passeports aussi, d’ailleurs. Je m’en torche.
 
Le racisme me donne mal au cœur. Peu importe la forme qu’on essaie de lui donner.  Peu importe la forme qu’il prend. Peu importe si les arguments ont l’air intelligents ou pas. Peu importe si c’est basé sur du social, du politique, de l’économique, etc. Peu importe si la personne qui le dit a fait des études supérieures ou pas. Peu importe si c’est motivé par la peur de l’autre ou par le manque de compréhension.
 
Je m’imagine souvent ce que ça doit faire de partir de sa maison avec une petite valise remplie de ce que tu es capable de porter pour fuir la guerre. Je n’ose même pas imaginer ce que ça doit faire. Traîner son enfant qui risque de mourir n’importe quand dans l’espoir de vivre une vie un peu plus normale. Sans la peur.
 
Mon pays, c’est ici, mais il me fait honte en maudit quand je vois que ce genre de commentaire est émis chaque jour et que ça s’amplifie depuis que la crise des réfugiés syriens s’intensifie.
 
Je vous invite à écouter cette vidéo et à la partager massivement. Parce qu'il ne devrait pas y avoir de « Je ne suis pas raciste, mais… »

Comment faites-vous pour combattre le racisme?
 
P.-S. Les commentaires seront supprimés s’ils sont racistes ou xénophobes. 

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