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Deux poids, deux mesures : la vierge, la putain et les comédies romantiques.
Crédit: Man Ray

Nous avons gagné. L’égalité homme-femme a été atteinte dans les sociétés occidentales. Les femmes sont des P.-D.-G., elles travaillent et font des enfants. Les hommes font la vaisselle, bercent leurs bébés et élisent des premières ministres, des présidentes et des chancelières. Ça y est, le féminisme est obsolète.
 
HAHA, bonne blague. 
 
Dans plusieurs sphères sociales, économiques et interpersonnelles, les femmes sont encore lésées. Par exemple, il existe un double standard entre les hommes et les femmes quant à la sexualité « libérée. » 
 
La révolution sexuelle des années 1960-1970 a aidé les femmes à contrôler leur corps et leur sexualité comme bon leur semblait. Au Québec, les femmes peuvent utiliser des moyens de contraception, ont accès à l’avortement ou encore à la pilule du lendemain. Elles sont libres de contrôler leurs rapports sexuels et le moment où elles auront des enfants (ou pas).
 


Manifestation du Mouvement de libération des femmes, Paris, 1974.
Crédit : Petorcy

 
Par contre, on en connaît tous au moins une. Cette fille qui accumule les one-night stands, qui jouit de son corps « libéré », qui couche avec plusieurs partenaires. Cette fille, elle s’est déjà fait traiter de slut, de pute, de fille facile – par des gars ET des filles. Elle a peut-être déjà été exclue d’un groupe d’amis : « Elle a couché avec tous les gars de la gang! » Des gars ont sans doute déjà conseillé : « Tu devrais t’essayer avec elle, elle couche avec tout le monde. »
 
Et les partenaires de cette fille, dans tout ça? De tout temps, les hommes ont connu moins de pression et surtout moins de surveillance dans la sphère sexuelle. Leur corps n’enfante pas. Leur vertu n’a pas à être protégée pour la nuit de noces. Les rapports sexuels ont été considérés comme une « récompense » pour les guerriers depuis la préhistoire***. Le prestige des hommes, leur position sociale, leur sex-appeal attirent les femmes et par le fait même, la reconnaissance de leurs pairs masculins. Ils ont des exemples à quoi aspirer : Casanova, Don Juan, le gars dans le film porno qui baise avec 4 filles en même temps.    
 


L'invention collective de René Magritte (1935)
Crédit : L'art moderne

 
Mais cette fille, cette amie (si ce n’est pas vous, si ce n’est pas moi), elle peut avoir de la peine. Et je la comprends! Elle se fait ostraciser, juger, shamer pour un comportement qu’on appelle « liberté sexuelle » et pour lequel les féministes militent depuis plus de 50 ans. Deux poids, deux mesures : la femme est une putain; l’homme, un héros.  
 


Crédit : Some Ecards

Les images que les médias envoient aux filles et aux femmes sont contradictoires. D’un côté, bikini sexy, lingerie à la Victoria’s Secret, Sex and the City, mais de l’autre, l’amour romantique et éternel. J’ai grandi en écoutant Les pages de notre amour, Un baiser enfin, Elle a tout pour elle, Née pour danser, name it (remarquez les titres en français, je ne parlais pas encore anglais). Dans toutes ces comédies romantiques, un homme vient à la rescousse de l’héroïne. Elle peut être une ballerine, une artiste-peintre, une journaliste, elle a toujours besoin d’un homme – le populaire Freddy Prince Jr. ou le beau Ryan Gosling – pour être heureuse et accomplie. Comment y voir clair?
 
On chante le corps libéré de la femme. Pourtant, on ne veut pas le voir sexualiser autrement que dans les pages de magazine ou dans les publicités dans le métro. Car après tout, personne ne veut marier une femme qui a eu « trop » de partenaires sexuels.
 
Avez-vous déjà été témoin d'un double standard entre les hommes et les femmes? En avez-vous été victimes?
 

*** Selon Marvin Haris, « The Savage Man » dans Cows, Pigs, Wars and Witches.

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