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Pourquoi j’ai été obligée de « binge watcher » Série noire 2

Quand l’annonce a été faite, je capotais.  La saison 2 de Série noire serait disponible pour écoute sur Tou.tv dès le 4 novembre. Toute la série, les 10 épisodes. En primeur.
 
J’avais adoré la première saison. Et la surprise était grande puisque, depuis quelques années, j’en étais venue à me demander pourquoi la télévision québécoise, en général, et plus particulièrement les séries, ne me parlaient plus. Je ne m’étais laissée convaincre que par 19-2. Et pour quelques instants même, un sentiment de compassion envers les policiers du SPVM s’était fait un nid en mon for intérieur.
 
La notion de « rendez-vous télévisuel hebdomadaire » me dérange. L’aspect conversation autour de la machine à café trop prévisible le lendemain, l’idée que le bon berger télévisuel donne rencart au troupeau, même heure, même poste. Impossible pour moi.  
 
Question de me donner au moins un semblant d’emprise sur ce que je regarde, j’aime me dire que je peux choisir quand, où et comment je m’installe devant une série. Je jubilais donc à l’idée que tous les épisodes de la deuxième saison seraient en ligne sur Tou.tv. À l’instar des modèles américains comme Netflix et Mubi, il faut payer pour s’abonner à l’extra de Tou.tv, mais considérant l’amélioration éventuelle de ma qualité de vie, avouons qu’il s’agit d’un 7 $ bien investi.
 

Crédit : Tou.Tv

Vous n’avez pas regardé la première saison? Cet article vous récapitule tout ce que vous avez manqué. À mon humble avis, il s’agit de la série la plus drôle, décalée et inventive que le Québec a produit ces dernières années.

À vrai dire, Série noire renferme tous les éléments potentiels nécessaires à faire d’une série un objet de culte : les personnages, les dialogues, la musique originale et la trame sonore (avouons-le, combien de fois avez-vous pu entendre Jesus and Mary Chain ou Jim Carroll dans une télésérie locale?). Ensuite, l’intrigue et les répliques qui deviennent des automatismes de langage pour les initiés (pensez aux amateurs de François Pérusse, Monty Python, ou – pour citer une autre série québécoise – à La Petite vie). Et, bien sûr, la sonnante voix de Bernard Derome en narrateur, le célèbre journaliste qui a rendu mythique les soirées électorales avec son traditionnel « si la tendance se maintient ». Quelle idée de génie que d’avoir sollicité ses services de fabricant de verres d’oreilles!

 
J’étais tout de même réticente au début de la première saison. Toute la promo tape-à-l’œil de Radio-Canada ne me parlait pas, mais la société d’État avait misé, cette fois, sur le bon cheval, en laissant au réalisateur Jean-François Rivard (Les invincibles) et à son coscénariste François Létourneau (qui défend aussi le rôle de Denis Rondeau) une latitude dans le ton, dans la prise de risque et, surtout, dans l’autoréférentialité au cœur de la série.

Il est quand même hilarant et révélateur de voir l’envers du décor de la scénarisation d’une série qui, rappelons-le, ne reçoit que des critiques négatives de la part de l’intelligentsia. Un propos qui rappelle le Parlez-nous d’amour que signaient, en 1973, Michel Tremblay et Jean-Claude Lord, et que l’on voit peu dans le paysage télévisuel.
 
Dès les premiers épisodes l’an dernier, les médias sociaux se sont emballés (Marc Arcand avait même un profil FB qui s’était réapproprié, pour le plus grand plaisir des fans, la langue agile du karatéka mastermind autoproclamé). Toutefois, comme dans la série, les cotes d’écoute ne furent pas à la hauteur des attentes, et l’on annonça que l’on « tirait la plogue ».
 
Les internautes, emballés, protestèrent vivement. Une pétition signée par plus de 13 000 personnes porta finalement ses fruits. Que doit-on en conclure? Les fans vouaient un culte à la série. Un peu comme les trekkies (fans de Star Trek) ou les little achievers (fans du Big Lebowski), les admirateurs de Série noire deviennent eux-mêmes des ambassadeurs de la série. Et il ne s’agit pas de discussions de machines à café, mais plutôt d’une poignée de main secrète entre convaincus. On aime ou on n’aime pas. Le dialogue est plus ou moins impossible entre les deux partis. Signe que le culte continuera à vivre longtemps.

Allez-vous regarder Série noire 2?
 
P.-S. : Avez-vous entendu parler du « cross-tet »? Anne-Élisabeth Bossé raconte le tournage d'une des scènes les plus cultes de la saison 1 sur la page Facebook de Tou.tv. 

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