Taylor Swift n’est pas ma meilleure amie

Jadis, j’avais une fascination maladive pour Taylor Swift, mais trop, c’est comme pas assez. À un moment donné, je pense que j’ai fait une surdose. C’est le cycle de la célébrité. Je présume que je ne suis pas le seul. Le vernis a fini par craquer. Contrairement à Lady Gaga pendant l’ère Artpop, ce n’est pas juste une question d’overexposure.

Je ne crois pas que le temps va arranger les choses. J’ai l’étrange impression que Taylor Swift est un mensonge. J'ai vraiment l’impression que Taylor Swift n’est rien d’autre qu’une business très lucrative. Elle nous vend un produit qui va bien au-delà de sa musique. Elle nous vend le rêve américain, mais pas n’importe lequel : celui imaginé par Donald Trump. Le rêve de l’Amérique blanche. La perfection qui rime avec l’absence de diversité.

Comme si ce n’était pas assez, on essaie de nous faire croire qu’elle est une outcast. Comme les auditions de La Voix nous l’ont démontré, le drame, ça vend. Si ça n’avait été de Kanye West, je ne me serai jamais intéressé à elle (et je ne suis pas le seul). Sans le mémorable « Imma let you finish », je ne l’aurais probablement jamais pris en pitié et je n’aurais jamais acheté Fearless.

Personne ne mérite de se faire humilier de la sorte, mais au fond, j’étais d’accord avec Kanye. Beyoncé aurait dû gagner. On dit que le sexe vend. Je crois que la pitié est encore plus lucrative. La carrière de Taylor Swift n’aurait jamais été la même sans cet incident. C’est ce capital de sympathie qui lui a permis de vraiment décoller. Sans Kanye, elle serait restée une chanteuse country. Elle ne serait jamais devenue la popstar qu'elle est aujourd'hui.

 

Taylor Swift a créé un mirage sans lequel elle ne pourrait pas exister. Elle nous présente l’image de l’ingénue marginalisée, de la fille d’à côté. Comme elle le chante si bien : « She wears short skirts, I wear t-shirts, she’s cheer captain and I'm on the bleachers. » (Oh, avec une pointe de slut-shaming en à-côté, ha!) Elle commercialise et entretient cette illusion d’accessibilité auprès de ses admirateurs en multipliant les bonnes actions.

Grâce à son squad, elle a réussi à transformer l’amitié en outil de propagande. Ses comptes Instagram, Facebook et Twitter lui permettent de faire des likes sa vache à lait. Elle a même réussi à donner une nouvelle définition au féminisme! Comme elle le souligne avec éloquence « There's a special place in hell for women who don't help other women. »
 

Crédit : GIFBAY
 

J’essayais de me convaincre que ce n’était pas vrai et que Taylor Swift était bien le produit qu’elle essayait de nous enfoncer dans le fin fond de la gorge. Force est de constater que Taylor Swift ne chausse pas les mêmes chaussures qu’Hermione Granger. Elle porte plutôt les talons aiguilles de Regina George. Est-ce que je peux me faire rembourser?