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La féministe Gloria Steinem était de passage à Montréal
Crédit: Montage de Jeremie Romain

Je vous écris ces lignes le jour suivant la conférence de Gloria Steinem à laquelle j'ai assisté, et je ne sais pas par où commencer. Ça fait 20 minutes que je suis assis devant mon Mac et que je regarde une page blanche sur Word.

C’est rare que ça m’arrive. Comment on commence ça, un texte sur une semi-rencontre avec une légende?

Bref, je vais y aller avec les faits.

Gloria Steinem, icône du mouvement féministe des années 1960 et 1970, était de passage au théâtre Rialto la semaine passée dans le cadre de sa tournée pour son plus récent ouvrage My Life on the Road (en vente partout).
 


Crédit : The Berry

Décrire Steinem en une phrase est presque impossible. Pour moi, elle est d’abord et avant tout une féministe. Elle a dédié sa vie au mouvement pour l'émancipation de la femme, mais Gloria se décrirait sûrement avec un seul mot : organisatrice. Elle aide les gens à s’organiser, à se mobiliser et à s’activer. Elle a voyagé autour du monde (et surtout partout aux États-Unis) pour rassembler les gens, les écouter et leur parler.

C’est d’ailleurs ce qu’elle raconte dans son nouveau livre. Elle nous parle des gens qu’elle a rencontrés durant sa vie on the road. Du haut de ses 81 ans, elle en a parcouru des kilomètres et ça continue toujours!

Steinem s’est fait connaître du public en 1963, quand elle est allée travailler au New York Playboy Club clandestinement. En tant que journaliste, elle voulait exposer le traitement des femmes travaillant en tenue de lapin dans ces établissements populaires. L’article A Bunny’s Tale (partie 1 et 2) qui est paru dans le magazine Show est devenu viral avant même qu’Internet existe!
 


Crédit : Lemon Quartely

Après avoir écrit de nombreux articles pour plusieurs publications, Gloria fonde son propre magazine en 1972. Ms. Magazine devient un succès fulgurant!

Durant la conférence du 1er décembre, Gloria a parlé de l’événement qui a changé sa vie. En 1957, alors qu’elle habitait Londres et qu’elle s’apprêtait à déménager en Inde, elle s'est fait avorter. À l’époque, c’était illégal. Elle aborde le sujet dans l’introduction de son nouveau livre.

« This book is dedicated to :

Dr. John Sharpe of London, who in 1957, a decade before physicians in England could legally perform an abortion for any reason other than the health of the woman, took the considerable risk of referring for an abortion a twenty-two-year-old American on her way to India.

Knowing that she had broken an engagement at home to seek an unknown fate, he said, “You must promise me two things. First, you will not tell anyone my name. Second, you will do what you want to do with your life.”

Dear Dr. Sharpe, I believe you, who knew the law was unjust, would not mind if I say this so long after your death: I’ve done the best I could with my life.

This book is for you. »

J’ai versé une larme en lisant ça.

Pour Steinem, il est clair que ce qu’elle appelle la liberté de reproduction est primordial au mouvement féministe. Une liberté qui est constamment remise en question aux États-Unis (et ailleurs) lors de chaque élection. Contrôler l’accès aux services santé des femmes est une façon de contrôler les femmes et ça, c’est inacceptable!
 


Crédit : profeminist/tumblr

Ce que je trouve plate dans un événement du genre, que j’appelle conférence, mais qui est présenté sous forme de questions et réponses, c'est que les intervieweurs ne semblent jamais être bien préparés. Les questions sont toujours super superficielles et ils ne s’attardent jamais vraiment à ce que l’invité vient de répondre, ils enchaînent avec leur prochaine question, qui n’a aucunement rapport avec la réponse de la dernière.

Je me sens toujours mal pour les invités. Heureusement, la période de questions a été moins premier degré et nous avons pu voir la chaleureuse Gloria à son meilleur. C’est-à-dire à bien écouter les gens, à donner des conseils et à relier le tout à son expérience personnelle.


Crédit : Jeremie Romain

Un jour, j’aurai la chance d’interviewer quelqu’un et je serai préparé et surtout, pertinent! Je vous le promets!

Ce qui m’a le plus touché, c’est quand Steinem, qui est devenue le visage du mouvement féministe un peu malgré elle, a insisté sur le fait qu’elle n’avait absolument rien inventé et qu’elle a donné toute la gloire aux femmes noires et aux Amérindiennes qui sont les pionnières du mouvement.
 


Crédit : Dan Wynn/Esquire

Dans un moment touchant, une femme amérindienne lui a dédié une chanson. Toute la salle avait la chair de poule. C’était un moment magique et Gloria était super émue.

Si vous voulez découvrir Gloria Steinem, je vous suggère de vous procurer un de ses livres, de lire un de ses nombreux articles (A Bunny’s Tale (partie 1 et 2), If Men Could Menstruate, After Black Power, Women’s Liberation) ou de visionner le documentaire produit par la chaîne HBO à son sujet : Gloria : In her own words.
 

Crédit : HBODocs/YouTube

C’était un honneur de passer une soirée à quelques mètres d’une légende, c’était un moment magique que je n’oublierai jamais!

Merci, Gloria.

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