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Au sein des plus raides vertus : le beau et le laid du corps dans un seul spectacle
Crédit: Mathilde Corbeil et Julie Artacho pour «Au sein des plus raides vertus».

Blues de l’enseignante : j’aurais voulu être une danseuse. Les danseurs et danseuses me fascinent. Ils sont maîtres de leur corps. Ils habitent totalement leur maison de chair. Le corps devient un instrument aux possibilités infinies.

C’est pourquoi j’étais extatique d’aller voir Au sein des plus raides vertus, un spectacle de danse à l’Usine C. De la danse pas conventionnelle pour deux cennes, je dois dire.

C’est cet aspect de la pièce qui m’a plu le plus. Décors minimalistes, quatre danseurs : il ne reste que le corps comme outil pour raconter. Ils enchaînent les tableaux en imageant plusieurs histoires. Des plus douces aux plus trash. Ils font vivre à leur corps aussi bien la douleur que le désir.

Dans notre société, on nous montre beaucoup le corps qui plaît. Le corps qui séduit. Les danseurs du spectacle de Catherine Gaudet pulvérisent cette convention. Ils se tortillent, se raidissent, repoussent les limites possibles de leur enveloppe corporelle. Ils s’enlaidissent.

L’interprète Caroline Gravel m’a beaucoup touché. Elle semblait pouvoir transmettre toutes les émotions du monde en même temps. Elle semblait pouvoir tout faire avec son corps.
 


Crédit : Pierre-Antoine Lafon Simard

J’ai aussi beaucoup aimé le fait que les quatre danseurs soient torse nu, les garçons comme les filles. Ça dédramatisait tout le ridicule tabou lié au mamelon féminin. Au début, la vue de ces seins nus me troublait beaucoup. Puis, peu à peu, je les ai oubliés. Les seins ne devraient pas être à ce point sacralisés.

La performance abordait aussi la religion, plus précisément le lien entre la religion et le corps. Cet esprit judéo-chrétien qui a longtemps poussé à voir les tentations de la chair comme le démon. Durant les 65 minutes de la pièce, les danseurs jonglent avec ce tabou.

Bref, la pièce Au sein des plus raides vertus dérange et questionne.
De l’art qui fait réfléchir, il n'y a que ça de vrai!
 


Crédit : Catherine Gaudet/YouTube
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