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J’ai le droit de tout faire : oui, mais non.
Crédit: Véronique Tremblay

Le concept de liberté évolue d’une drôle de façon. Après des siècles de batailles, de confrontations d’idées et de révolutions, la liberté ne représente plus une aspiration, du moins en Amérique du Nord. Elle est plutôt un droit acquis. Selon moi, une simple phrase peut résumer les enjeux de la liberté moderne et occidentale : j’ai le droit de tout faire.
 
D’une part, « J’ai le droit de tout faire » représente un idéal.

C'est correct si ton idéal est de danser avec Zac et Corbin dans une cour à scrap
Crédit: Giphy
 

En théorie, nous jouissons de la chance de vivre dans un pays qui soutient et promeut la liberté et les droits de la personne à plusieurs niveaux. Mais en réalité, à quel point sommes-nous libres ?

  • Nous pouvons adopter le look qui nous plaît – tant que nos choix vestimentaires, capillaires et cosmétiques avantagent notre personne, s’accordent avec notre genre et respectent la mode et les attentes de la société.
  • Nous pouvons développer la personnalité qui nous est propre – tant que les femmes continuent d’être féminines et que les hommes agissent en vrais hommes.
  • Nous sommes maîtres de notre corps – tant qu’il sert à s’entraîner, qu’il n’est pas percé ni tatoué, qu’assez de peau (pas trop) soit exposée et qu’il ne soit partagé qu’avec l’être cher.
  • Nous pouvons aimer qui nous voulons, exercer la religion de notre choix et vivre comme les autres en dépit de la couleur de notre peau –  à nos risques et périls. (Saviez-vous qu’en 2013, au Canada, 1 167 crimes étaient motivés par la haine envers la race, la religion ou l’orientation sexuelle ? Et ce n’est pas mieux aux États-Unis. )

En bref, nous sommes libres d’être qui nous voulons aux yeux de la loi, tant que cette personne est approuvée par les autres et en accord avec les normes sociétales.
 
D’autre part, l’expression « J’ai le droit de tout faire » est utilisée comme excuse pour dire et faire n’importe quoi

Crédit: Giphy
 

Nous avons le droit de juger, de critiquer, d’analyser. Mais le faire au détriment d’un autre individu ? Non. L’humain est capable du meilleur comme du pire.

  • Que ce soit les innombrables commentaires dégradants dirigés contre les célébrités – oui ils doivent accepter que leur vie soit exposée au public, mais ils ne sont pas moins humains que nous.
  • Que ce soit des propos du genre « Les musulmans sont tous des terroristes »,  
    « L’homosexualité est contre nature », « Les noirs sont dangereux » ou n’importe quels autres commentaires haineux sur les réseaux sociaux.
  • Que ce soit les regards désapprobateurs, les messes basses, les doigts pointés vers un itinérant, une femme ronde, un homme mal habillé.

Plutôt que de répéter la phrase « J’ai le droit » pour justifier nos actions ou nos propos, pourquoi ne pas penser à ce dont les autres ont aussi droit? Notre liberté s’arrête là où commence celle des autres, souvenons-nous-en.
 
J’ai l’impression que la liberté s’est pervertie. Nous avons la chance de pouvoir tout faire et pourtant, nous choisissons de juger, de rejeter et de nous enfermer. Pourquoi sommes-nous incapables de vivre, laisser vivre, aimer et fraterniser? Je suis épuisée d’entendre #LesGens dire n’importe quoi, comme si tout leur était dû.
 
Nous sommes libres de tout faire et de tout dire. Oui, mais non. 

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