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Un tramway nommé désir ou tomber en amour avec Céline Bonnier
Crédit: Photos : espacego.com, Montage: Jeremie Romain

La première fois que j’ai vu le film A Streetcar Named Desire (1951), je n’ai rien compris. J’étais trop jeune et le code Hays (qui réglementait les films de 1930 à 1968 et qui empêchait d’innombrables situations et mots d’être montrés/dits au cinéma) rendait l’histoire un peu trop vague pour ma capacité de lire entre les lignes de l’époque. 

Au cégep, j’ai enfin lu l’incroyable pièce du maître Tennessee Williams (gagnant du prix Pulitzer pour la dramaturgie en 1948) et j’ai été complètement bouleversé. Une pièce qui a le pouvoir de choquer encore aujourd’hui. 

Le personnage de Stanley Kowalski, interprété par le légendaire Marlon Brando dans le film, a été nommé un des plus grands personnages de film de tous les temps (numéro 85) par le magazine Premiere en 2004. Brando a livré une performance d’un réalisme jamais vu auparavant et il a influencé une génération entière d’acteurs. 
 


Crédit : princenaveen/tumblr

Et que dire du personnage de Blanche DuBois, jouée pour la première fois au théâtre en 1947 par l’actrice Jessica Tandy qui a gagné un prix Tony pour ses efforts. Dans l’esprit collectif, Blanche est éternellement liée à l’actrice Vivien Leigh, qui a remporté un Oscar pour son interprétation crève-cœur dans le film de 1951. 

DuBois a subséquemment été joué sur scène par Tallulah Bankhead, Blythe Danner, Jessica Lange, Natasha Richardson, Cate Blanchett (le personnage a d’ailleurs inspiré Woody Allen pour l’écriture de Blue Jasmine), Rachel Weisz, Nicole Ari Parker, Gillian Anderson, Ann-Margret et maintenant Céline Bonnier. 
 


Crédit : Caroline Laberge/Espace Go

En janvier 2015, le théâtre Espace Go a présenté Un tramway nommé Désir, mis en scène par Serge Denoncourt. Ça a tellement été un grand succès qu’ils ont décidé de ramener la pièce en janvier 2016 pour une série de supplémentaires, pour mon plus grand bonheur. 

Ce n’est pas une tâche facile de décrire en quelques lignes l’intrigue de la pièce. L’histoire gravite autour de quatre personnages, tous plus fuckés les uns que les autres. Leurs troubles nous sont révélés au fil de 2 heures et 50 minutes très intenses dans lesquelles tous les acteurs participent à une montée dramatique qui laisse les spectateurs complètement essoufflés.

Le tout se passe en Nouvelle-Orléans, chez la sœur et le beau-frère de Blanche, Stella et Stanley. Un appartement de deux pièces, beaucoup trop petit pour 3 personnes, comme les évènements de la pièce nous le prouveront. Scandales sexuels et désirs refoulés s’en suivent.
 


Crédit : fuckyastydia/tumblr

Vu l’étendue d’actrices de talents qui ont osé jouer Blanche DuBois au théâtre et au cinéma, ça doit être super intimidant d’y plonger et d’offrir son interprétation du personnage. J’étais un peu stressé pour Céline avant le début de la pièce, même si j’ai lu les critiques et je savais très bien que tout le monde avait capoté l’an dernier. Je voulais être époustouflé, mais je ne voulais pas que mes attentes affectent mon appréciation de sa performance.

À la fin de la pièce, j’étais bouche bée, sans mots, incrédule!

Juste imaginer qu’elle se donne autant, cinq fois semaine, j’ai mal aux reins. Bonnier est une machine! Le rôle de Blanche est tellement taxant émotionnellement, Céline avait visiblement de la misère à sortir du personnage durant le salut de la fin. J’avais juste le goût de courir sur scène lui donner un câlin.

Les décors et la mise en scène étaient aussi parfaits que les performances. J’ai crié quand je suis rentré dans la salle et que j’ai vu le gros poster du film de 1951 sur le mur. Un beau clin d’œil à ceux qui ont immortalisé la pièce au cinéma, étrangement touchant. 
 


Crédit : Jeremie Romain
 

Ce que j’ai aimé le plus, par contre, c’est de faire découvrir à mon mari une œuvre que j’aime. Il n’avait jamais vu le film, il ne connaissait pas l’histoire et je lui ai interdit de lire quoi que ce soit sur Internet avant la représentation. Je voulais qu’il soit surpris et qu’il s’abandonne au monde créé par Tennessee Williams, sans notions préconçues. Ç’a été un succès, il a adoré!

Un tramway nommé Désir est présenté à l’Espace Go jusqu’au 13 février, vous savez quoi faire!

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