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Vessel : cette histoire de navire qui parle de la liberté des femmes
Crédit: Vessel The Film

Une femme québécoise tombe enceinte pour quelconque raison, elle réfléchit à l’éventualité de mettre au monde un enfant, son désir et sa capacité de l’accueillir. Pour des raisons qui lui appartiennent, elle décide de se faire avorter. Elle se rend à une clinique et l’opération a lieu dans le meilleur respect qui soit, et ce, aux « frais de la carte d’assurance maladie ». Croyez-vous que c’est la plus grande liberté qui soit pour une femme?
 
Rien ne vaut une mise en perspective par un survol des réalités sociales ailleurs dans le monde. Pas très loin de nous sur cette planète, dans des pays « développés », les mentalités sont encore très réfractaires à cette liberté. Les lois gouvernementales et religieuses imposent aux femmes enceintes l’obligation de gestation et de mise au monde des enfants.
 
Dans le documentaire Vessel (2014), de la Canadienne Diana Whitten, classé « provocateur et controversé » par Netflix, une docteure pro-choix décide de lancer un projet fou : offrir l’avortement sécuritaire aux femmes qui vivent dans des pays où celui-ci est illégal en voguant un navire sur les eaux internationales. Dans les ports où le bateau accoste, Women on Waves suscite une véritable frénésie médiatique, les mouvements antiavortement font rage et sont composés autant de femmes que d’hommes.
 
Pourtant, aussitôt que les militantes du navire affichent le numéro de leur ligne d’écoute, elles reçoivent des centaines de messages de détresse. Boire de l’eau de Javel ou percer les membranes avec des objets, toutes les manières sont bonnes pour mettre un terme à des grossesses non désirées. Certaines se suicident, écorchées par la honte, d’autres décèdent à la suite d'une hémorragie causée par un avortement maison ou clandestin. La santé des femmes qui habitent des lieux où l’avortement est illégal est loin d’être en sécurité.
 
De nos jours, la question du droit à l’avortement est parfois remise en cause ici et chez nos voisins par certains grands penseurs conservateurs et catholiques extrémistes. Nous sommes en 2016 et cette semaine, dans La Presse+, on dénonce les pressions exercées par des regroupements pro-vie autour de certaines cliniques d’avortement à Montréal. Rappelons-nous qu’il y a vingt ans seulement, la clinique torontoise de Morgentaler « avait été pulvérisée par une bombe » et un médecin avait été poignardé. En 1974, dans le film Il était une fois dans l’Est, une chronique montréalaise scénarisée par Michel Tremblay et André Brassard, une jeune femme décédait aux suites d’un avortement clandestin. Il n’y a pas si longtemps, nos mères et nos tantes devaient mettre leur santé en péril quand elles voulaient avorter.
 
Vessel est pertinent, car il nous fait prendre conscience de la virulence des réactionnaires ailleurs au monde et par ricochet, nous savons que cette colère a déjà existé – et existe encore – ici. La bataille n’est jamais vraiment gagnée et cette question touche nos droits fondamentaux.
 
Nous avons toutes des raisons valables de ne pas garder un enfant à un moment ou un autre de notre vie de femme. « S’occuper d’un petit être est prenant et peut causer de grandes souffrances », comme le souligne la docteure de Women on Waves, et ce, sans compter le contexte dans lequel nous offrons une vie saine à un autre humain. Et pourtant, en donnant naissance à un bébé désiré, nous sommes au bon endroit et au bon moment dans notre expérience humaine en tant que femmes. Libres.
 
Il est possible de visionner le documentaire sur de nombreux sites Web, dont Netflix et Vimeo. Tous les détails se retrouvent sur le site officiel

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