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Mon expérience dans une hutte à sudation amérindienne
Crédit: Julie Rainville

À l’occasion du long weekend Pascal, j’ai décidé de penser à moi. C’est dans ma ligne de vie depuis l’été 2015. C’est même mon mot de passe pour être une meilleure mère, professionnelle, humaine. Aussi, je suis très intuitive comme personne : je vais où je sens que je dois aller, je ne veux pas réfléchir sur tout, la vie est déjà bien assez complexe.
 
En faisant un peu de recherches, j’ai trouvé un plan de Cérémonie amérindienne, hutte à sudation et yoga, proposé par Yoga Salamandre. Je me suis dit, pourquoi pas ? Ça faisait longtemps que je voulais essayer ce centre de yoga qui offre des retraites en nature. J’avais même rencontré son fondateur, Martin Dubois, dans un colloque à Sherbrooke en 2005. Aussi, depuis que j’ai vu le documentaire L’Empreinte avec Roy Dupuis sur l’héritage amérindien dans nos sangs québécois, je sens que le fluide amérindien coule dans mes veines.
Comme abordé dans le film, je m’identifie beaucoup au concept de la structure mentale et sociale amérindienne. Ayant toujours été très intuitive et connectée aux éléments, je suis d’autant plus convaincue que l’esprit amérindien fait partie de ma mémoire spirituelle.
 
Ce weekend, je partais donc vivre avec une douce jeune femme nommée Marie Neige, massothérapeute et spécialiste en médecine ayurvédique. Je n’avais pas d’attente précise, j’étais juste portée par le désir d’ajouter une expérience à mon bagage.
C’est une fois sur place, quand nos guides nous ont expliqué « qu’on sait quand on rentre dans une tente de sudation, mais qu’on ne sait pas quand on en sort » que j’ai un peu paniqué. Hein, pour vrai? Combien de temps je vais passer à l'intérieur de cette tente obscure chauffée à mille degrés comme dans un sauna humide? Que va-t-il se passer? Vais-je survivre? Pourquoi ai-je décidé de venir ici déjà? En fait, pour dire la vérité, j'ai VRAIMENT paniqué.
 
La tente de sudation, sweat lodge, est un rite de purification, qui n’existe pas seulement chez les peuples aborigènes de nos terres nord-américaines, mais aussi en Amérique Centrale et au Sud. Symboliquement, nous recréons l’utérus de la mère, noir et chaud. À l’aide des chants, des cris, de la noirceur, de la chaleur et de la terre, on y extirpe les mémoires troubles. Les nôtres et celles de nos ancêtres, celles qui bloquent la fluidité de nos chemins. Complexe. Magique. Inexplicable.
 
Je ne vous révèlerai donc pas les couleurs de mon expérience personnelle dans la tente de sudation ni celle de notre groupe, composé de treize  personnes, simplement car « ce qui survient dans la tente de sudation reste là ». Concrètement, nous avons perdu la notion du temps et la cérémonie a duré un peu plus de trois heures. Dona Maria Camps, qui menait le rituel, est exceptionnelle : sa voix pénétrante nous a portés loin, loin, loin, loin…
 
Le résultat du weekend est concluant pour plusieurs raisons. Faire des exercices comme soutenir volontairement le regard d’un inconnu en silence, pratiquer le yoga devant une rivière en utilisant le flot de l’eau comme un écho au mouvement interne, dire bonjour à un arbre le matin au réveil – même si ça look hippie comme ça – s'avère être très enrichissant, surtout quand on est citadins. Nous oublions souvent que la communication par le regard existe. Nous oublions à quel point les éléments peuvent nous procurer du bien-être, un sentiment de force et de sécurité.
 
L’expérience de la tente de sudation est celle de la connexion ultime à soi-même et à la terre. Elle permet de comprendre combien la nature, vécue consciemment, c’est tellement, tellement précieux. Yoga Salamandre se dévoile comme un lieu unique, communautaire, naturel, humain où chacun est accueilli, écouté, dans un sincère effort de non-jugement. Un secret  bien gardé. (Chut!)
 
Ce weekend, la majorité des personnes présentes était des femmes, comme Marie-Neige et moi, mères de jeunes enfants, chacune avec nos bagages, nos tiraillements, nos lumières, nos beautés. L’expérience nous a toutes ébranlées. Pour rien au monde – ni même le chocolat et les cocos – nous n’aurions troqué ce plongeon communautaire au tréfonds de nos esprits. Parce que le bien-être, ça passe par la libération. Et, comme affiché sur un coin de mur dans la maison de Yoga Salamandre, « Ici c’est votre zone de confort. C’est là-bas, loin et ailleurs, que la magie opère ».
 
Namaste.

 

Crédit : Julie Rainville
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