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Mon petit trouble alimentaire, 15 ans plus tard
Crédit: Unsplash/Pixabay

Chez moi, je n’ai pas de pèse-personne. On dirait que je ne fais pas confiance à ces bidules. Quand je me pèse chez le médecin, chez ma mère ou dans la l’allée du Wal Mart, le poids n’est jamais le même. La situation est la même si j’embarque sur la balance pré ou post caca matinal et avec ou sans bijoux.


Crédit : Giphy

Ayant souffert, comme plusieurs, de troubles alimentaires à l’adolescence, j’évite tout ce qui pourrait me replonger dans cet enfer qui ne disparait jamais vraiment. Certes, je ne vis plus avec cette relation malsaine avec la nourriture mais disons que j’ai toujours cette petite voix mesquine qui me dicte et me répète des choses que je dois chasser régulièrement.

Conjointement à une dépression, l’anorexie s’est glissée dans ma peau de jeune adolescente de 14 ans. Ayant toujours été plus grande que les autres filles de mon âge en plus d’une puberté précoce, mon corps n’était pas nécessairement mon allié. En gros, je le détestais. Je me trouvais grosse, poilue, mes cheveux étaient trop bruns et mes sourcils trop épais! Je me rappelle que mon début d’anorexie était un plan bien organisé. J’avais écrit dans mon journal qu’à partir de cette journée bien précise, je ne mangerai que des pommes dans ma journée dans le but de perdre du poids rapidement.


Crédit : Giphy

Ce désir imminent de perte de poids cachait aussi une profonde volonté de disparaître. Après plusieurs heures de rencontres en pédopsychiatrie où je manipulais les professionnels et une prise d’antidépresseurs, j’avais atteint le poids que je désirais mais je n’étais pas plus heureuse. Au contraire, je perdais connaissance, je n’avais plus de seins ni de menstruations en plus de rendre tout le monde autour de moi très inquiet.

Ça m’a pris plusieurs années avant de sortir la tête de l’eau. Dans mon cas, l’expérience, la prise de maturité et mon réseau social m’ont permis de reprendre un second souffle. Ce ne sont que quelques mois plus tard que j’ai reçu le diagnostic de maladie de Crohn. Ironie du sort. Maintenant que ma relation avec la nourriture est redevenue presque saine, me voilà prise avec une maladie qui ne me permet pas de manger ce que je veux. #FuckYouKarma.

Aujourd’hui, 15 ans plus tard, je vis un paradoxe. Lorsque ma maladie me le permet, j’ai un réel plaisir à manger. Je me dis que j’aime mieux avoir quelques livres en plus parce que j’ai pu me régaler avec un bon vin et des fromages et être en santé! De plus, étant maman d’une petite fille de 2 ans et demi et bientôt d’une deuxième, je ne veux surtout pas que ces dernières grandissent avec cette pression inutile.


Crédit : Skeeze/Pixabay

Je reste tout de même fragile. Je ne crois pas que les troubles alimentaires, la dépression et autres troubles de la sorte s’effacent à tout jamais. J’ai eu la chance de tourner la page mais elle fait quand même partie de mon livre. 

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