L’amour toxique

J’y ai cru. C’était donc ça l’amour, le vrai.  T’sais, l’amour avec un grand A! Celui qui te donne des papillons dans le ventre et qui te coupe l’appétit. Le fameux « Vivre d’amour et d’eau fraîche ». Bin j’étais en plein dedans. Maudit que dans ses bras j’étais bien. Il me faisait sentir vivante.

J’y croyais parce que dans le fond, c’est la seule définition du mot « aimer » que je connaisse. Aimer : même le mot était faible pour représenter ce que nous vivions ensemble. C’était quelque chose de tellement puissant. Le sentiment de faire juste un avec l’autre. C’était tellement fort que ça faisait mal, mais maudit que ça faisait du bien en même temps. Un vrai manège émotionnel. C’était tellement beau, mais en même temps tellement laid!

Aujourd’hui, avec du recul, je suis assise dans mon siège avec un pop-corn. Je réalise enfin pourquoi j’ai toujours cette relation amour-haine avec les films d’horreur. Parce que j’ai joué le rôle principal de l’un d’eux pendant plus de 3 ans. Je pensais qu’en amour, c’était normal d’avoir le goût de s’arracher la tête l’un et l’autre à tous les jours. Je pensais que régler nos conflits, ça se faisait juste dans le lit. C’était intense, on avait l’impression d’être unis, d’être un couple fort. Puis, je nous voyais recommencer le lendemain!

Notre couple n’avait pas que des petits problèmes : il y avait du trompage, du flirtage, des mensonges. Et moi, je me disais qu’il changerait puis je croyais toutes ses belles paroles de Roméo! Un peu sado la fille! Je l’assume : j’y retournais. J’étais junkie de ses paroles et je me ramassais sous les draps… encore.

Des fois, lui ou moi, on pleurait en plein ébat. Et hop, je nous sentais unis à nouveau. Mais c’était trop. Tout le temps. Je nous voyais carburer aux high de nos chicanes. Je nous voyais nous provoquer pour des niaiseries. T’sais juste pour sentir que l’autre tient à nous. Mais je restais. Parce que j’y croyais. Ou je voulais y croire. J’sais pu.
 
Au fond, c’est pour ça que notre couple a duré si longtemps. Il n'y avait pas de communication. Tous nos problèmes ont refoulés pendant ces années-là. À grands coups de « Je t’aime ». Je nous surprenais à dire que jamais dans une vie, ni lui ni moi, nous ne retrouverions un amour aussi fort. Criss, j’espère que c’est vrai! Parce que l’amour, c’est pas ça. RIEN n’était sain là-dedans. Il était mon feu et j’étais son essence. Je pensais que c’était ça le bonheur. Que plus nous nous détruisions, plus y aurait d’amour.

Au fond, il m’aimait. Je l’aimais. Mais juste pas de la bonne façon.