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Arvida : voyage dans la mémoire collective
Crédit: Marie-Eve Tougas

Avant toute chose, voici le roman du mois prochain : À la recherche de New Babylon de Dominique Scali, qui signe ici son premier roman. Il est plus épais que les livres que nous lisons habituellement (environ 450 pages), mais je suis intriguée par cette aventure western que j’ai bien hâte de découvrir avec vous. Sur ce, gare aux spoilers qui pourraient se trouver sous l’image!
 

New Babylon
Crédit : Les libraires

 
Arvida, c’est un recueil d’histoires qui a pour trame la ville du même nom, qui fut construite en 135 jours en 1926 pour les besoins de l’entreprise connue alors sous le nom d’Alcoa (aujourd’hui Rio Tinto Alcan). L’auteur Samuel Archibald, dont la famille y est établie depuis quelques générations, mêle habilement anecdotes sur sa famille, récits mettant en vedette des personnages bien connus de la région et autres légendes racontées au coin du feu.
 
Je dois tout de suite avouer que le recueil en entier m’a beaucoup plu. J’aime le style d’écriture de l’auteur : il décrit avec justesse ce que ses personnages vivent et ressentent et il n’hésite pas à utiliser le vocabulaire parlé québécois pour trouver le ton exact. Il passe du registre populaire à soutenu de façon naturelle et sans tomber dans la caricature. Ses écrits sont à la hauteur des émotions qu’il veut créer chez ses lecteurs; j’ai ri, eu les larmes aux yeux et frissonné de dégoût plus d’une fois pendant ma lecture.
 

Jim shivering - Arvida
Merci Jim pour le p’tit frisson.
Crédit : GIPHY

 
J’aime aussi l’effet décousu qui est présent tout au long de la lecture, parce qu’à première vue il ne semble pas y avoir de continuité entre les histoires. L’auteur se base sur des récits amassés depuis plusieurs années auprès de gens de tous âges; il est donc normal que les histoires ne se suivent pas chronologiquement.
 
On s’entend que ça passe à des histoires de roadtrips (Antigonish, América), à une anecdote de hockey (Foyer des loisirs et de l’oubli – Arvida II), à un récit d’horreur japonais (Jigai). Les personnages sont soit anonymes, soit over-détaillés jusqu’aux dates, noms et toutes leurs relations avec tous et chacun. On change souvent de narrateur : parfois à la première personne et d’autres à la troisième, mais il ne s’agit jamais du même individu qui raconte.
 

Bouleversée - Arvida
De l’épouvante? Plutôt de la TERREUR!
Crédit : GIPHY

 
Mais la clé de la plupart des histoires, c’est l’épouvante qu’elles suscitent. C’est la façon d’écrire, d’échapper des indices sur les événements qui sont sur le point de se produire et de bâtir toute l’ambiance à partir de ça. En tant que lecteurs, notre peur s’en trouve exacerbée par cette anticipation, ce build-up. Des fois, ça en vaut la peine et nos craintes sont confirmées : dans Jigai par exemple, les femmes se mutilent de plus en plus, jusqu’à se découper en morceaux dispersés dans la maison. D’autres fois, par contre, le lecteur réalise que non, pas de fantômes de frères handicapés à cette adresse, juste un bonhomme un peu trop saoûl un soir qui a tué le chien de la famille à mains nues, comme dans Chaque maison double et duelle. C’est une explication banale, mais je pense que c’est encore plus effrayant de savoir qu’un être humain est capable d’une telle chose, non?
 
Avez-vous aimé Arvida? Dites-nous quelles sont vos histoires préférées du recueil!

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