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«T’as encore faim? » : la relation d’une grosse avec la nourriture
Crédit: Cassandra Cacheiro

Un gros ventre rempli de Doritos. Couchée sur le divan encore et pour toujours. Un jogging gris-tristesse serrant deux grosses cuisses en saucisson. La bouche orange. Larmes dans les yeux.

Lorsque j’ouvre mon écran, c’est la perception des grosses qui m’est présentée. Des paresseuses qui se gavent pour oublier.

Pathétique.

Je ne suis pas pathétique.

C’est difficile de faire partie du self love club quand ton corps dérange. Toute la société te hurle que si t’es grosse, c’est forcément de ta faute. Conne culpabilité d’exister. Conne culpabilité de manger.
Je ne suis pas paresseuse. Je peux affirmer avec certitude que je suis une des personnes les plus productives et occupées que je connaisse. Même si je n’ai rien contre l’oisiveté, elle et moi sommes loin d’être bff.

Arrêt des stéréotypes.

Je mange généralement bien. Équilibré pis toute. Je mets même du chia dans mes smoothies. Par contre, j’ai un trouble alimentaire. Je fais de l’hyperphagie boulimique. Parfois, j’ai trop mal en dedans. J’ai l’impression que l’anxiété m’avale. Pour ne pas qu’elle me dévore, je mange tout. C’est ça ou je la fais sortir de moi en me coupant. Après chaque épisode de boulimie, j’ai envie de disparaitre. Je me sens conne. Je me déteste. Je me sens coupable. La culpabilité c’est l’enfer.

Le pire, c’est que maintenant, j’associe manger avec culpabilité. Manger est devenu l’enfer. Je ne parle jamais de ma relation avec la nourriture. C’est un peu comme mon ultime tabou. Par contre, sans le vouloir, il arrive que mon entourage renforce un peu cette culpabilité.

 « T’as encore faim? », « Ça fait beaucoup de pain ça! ».

Des petites phrases qui me font disparaitre loin, très loin. Je sens qu'on m'observe et qu’on me juge. Comme si le fait d’être grosse permettait aux gens de commenter mon alimentation. De rire jaune avec moi, mais sans moi.

Je me demande si un jour je serai capable d’associer alimentation et plaisir. Remplir le vide dans mon corps avec d’autres choses que de la bouffe. Je suis grosse, certes, mais mon histoire n’est pas nécessairement celle de toutes les grosses. Je trouvais important de le spécifier. Il est possible d’être grosse et d’avoir une saine relation avec la nourriture.
 
Je suis tannée des stéréotypes. Je ne veux plus que l’on juge les gens selon leur habileté à fitter dans le moule des normes sociales de beauté. À boutte que l’on se donne le droit de juger l’alimentation des autres. C’est shamant et ça n’aide définitivement pas à prendre plus soin de soi. Au contraire, ça donne des munitions à la culpabilité. Ça donne juste envie de se faire plus de mal.

Faites du bien, pas du mal. 


Merci Ana Roy de créer des illustrations qui illustrent aussi bien ma pensée. 
Crédit : Ana Roy/Facebook

 
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