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Quand je perds le nord – Essai d’une colérique
Crédit: Unsplash/Pixabay

« Je pense qu’il faut qu’on se parle. Je ne peux pas endurer ça, j’ai toujours peur que tu te fâches, que tu exploses, que tu cries. Je ne peux pas vivre avec quelqu’un qui crie tout le temps. Ça me fait peur. »

Aoutch. Ça, c’est mon chum qui m’exprime de manière très claire que mon agressivité et ma colère l’affecte, pis pas à peu près. Vous auriez dû me voir l’air étonnée « Pardon? Moi? Agressive? Ce n’est pas comme si je te battais »… Oh. Non seulement, je venais de remettre en question ses émotions, mais en prime, je dégradais le pouvoir de la violence psychologique

Je ne cherche pas d'excuses ici, mais il faut dire que chez moi, les gens ne se parlent pas, ils crient. Ils crient pour se témoigner leur amour, leurs craintes, leur joie. J’imagine qu’après quelques années dans cet environnement, une puberté bien chiante et une confirmation d’un trouble anxieux, j’ai commencé à crier pour me faire entendre. Comme les autres. Comme les miens. Comme nous avions appris. Ça n’excuse pas mon comportement bien sûr, mais ça m’éclaire sur comment j’en suis venue à considérer ce comportement comme normal, alors qu’il ne l’est pas.

Que ce soit crier pour célébrer, crier pour jouir, crier pour souffrir. Crier sur les autres. Crier sur soi-même. Crier parce que ça fait chier. La montée et la descente de l’adrénaline me submergent. Maintenant, il faut ramasser les morceaux, les recoller. Sortir une colle super forte appelée amour, sensibilité, affection. S’excuser encore et encore. Est-ce que ça suffira? 
 


Avoir honte, toujours…
Crédit : Tumblr

Si seulement il savait. S’il savait qu’à une époque, mes colères étaient accompagnées de mutilation : cette petite douleur passagère, cet ancrage dans la réalité. Accompagnée de haine, de perte de contrôle. J’avance contre mon tempérament à petit pas de souris, mais m’aimerait-il quand même s’il savait d’où je viens? 

Aujourd’hui, je crie souvent dans ma tête. J’en discute avec un psychologue. Je fais du sport de manière religieuse pour dépenser mes énergies négatives ailleurs. Le plus difficile, c’est de reconnaitre son agressivité et de prendre la responsabilité de ne pas répéter le même scénario plus tard, avec ses enfants. Ne pas condamner les pleurs, la douceur, l’affection. Promouvoir l’écoute, la tendresse, la confiance. Je veux que mes enfants sachent qu’ils n’ont pas besoin de crier pour se faire entendre.

Et vous? Avez des problèmes avec certaines émotions? Êtes-vous colérique?

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