Aller au contenu
Je croyais que ma porte de sortie, c’était de mettre fin à ma vie
Crédit: Montage : Annie Nonyme

Ces temps-ci, c’est le temps des bals de finissants. Chaque année, ça me rend toujours un peu nostalgique et triste. Pour la plupart, la fin du secondaire symbolise la réussite, le bonheur, la fête avec les meilleurs amis, le début de quelque chose de nouveau.

Moi, j’ai cru que la fin de mon secondaire 5 allait être le début de la fin, la fin de ma vie.

Bien que ça fasse quelques années, je m’en souviens comme si c’était hier. La fin d’année a toujours été synonyme de stress intense, de poussées d’urticaire et d’angoisse totale. Comme tous les étudiants, je ca-po-tais puisque tout arrivait en même temps : les examens, les décisions à prendre quant à mon avenir et tous les tracas d’ado de 17 ans.

Je n’aimais pas ma vie. Je me raccrochais aux examens. Je me disais « ben là, t’as fait ton examen de math, faut pas que tu abandonnes, tu vas avoir étudié pour rien ». Aussi sordide que ça puisse paraître, c’est l’école qui m’a aidée à tenir le coup. Je ne voulais pas avoir l’air de l’élève qui est lâche, qui se plaint devant les enseignants.

Je voulais être parfaite bonne dans tout. Je visais la médecine, rien de moins. Pour moi, 90 %, ce n’était pas enough et tant que je n’atteignais pas la note parfaite, ça voulait dire que j’étais une marde poche.

J’ai fait un voyage scolaire à la mi-mai. J’ai très peu dormi. J’ai été la boule d’énergie du groupe. J’ai aussi fait une crise de panique vers la fin du voyage. C’était la première fois que ça m’arrivait, donc j’ai encore plus paniqué. J’avais mal au cœur, tout allait trop vite autour de moi, j’étais étourdie, le monde m’étourdissait, comme si j’étais sur un bateau. J’étais en perte de contrôle total, sans repère.

À mon retour, j’étais épuisée. Mes parents ne me reconnaissaient plus. J’étais down. Oui, la plupart des étudiants sont brûlés fatigués de leur fin d’année. Cependant, pour moi, ça dépassait le seuil de la simple fatigue. À ce point-là, l’école de ne motivait plus du tout. J’avais le goût de dire : fuck off, j’abandonne. Au lieu de dire les mots, « j’ai besoin d’aide, ça ne va pas », le silence a gagné. J’ai tellement essayé de me convaincre que j’étais capable, que j’allais aller à mon bal une semaine plus tard et que tout finirait là, même ma souffrance.

Au final, ça spinnait dans ma tête. Les idées noires, noir intense. À ce moment-là, je croyais que ma porte de sortie, c’était de mettre fin à ma vie. Quelques jours avant mon bal, j’ai entamé la rédaction de ma lettre d’adieux. C’était à la fois une délivrance, mais aussi un fardeau. Après des jours à y penser, j’ai donné ma lettre à mes parents, de vive voix.

Ils ont été sous le choc et peinés pour moi, leur fille.

C’est grâce à cette lettre que je me suis sauvé la vie. J’ai été hospitalisée pendant deux semaines. J’ai manqué mon bal de finissants, étant cloîtrée au lit. Dépression majeure. Oui c’est lourd, mais aujourd’hui, je suis heureuse et bien dans ma tête. Après tout, j'aurai bien l'occasion d'aller à d'autres bals dans ma vie.

Si ça ne feel pas, parlez-en, vous êtes importants.
Le suicide n’est jamais une solution. JAMAIS.
1 866 APPELLE (1 866 277-3553)
 

Plus de contenu