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Misogynie sur quatre roues ou être une femme qui conduit
Crédit: MWITT1337/Pixabay

Depuis que j’ai 30 ans ~ depuis mardi dernier ~ je peux enfin dire la phrase que je veux dire depuis des années : « ça fait 15 ans que je conduis ». Que voulez-vous, j’aime les chiffres ronds comme d’autres peuvent aimer les desserts.
 
Ça fait donc 15 ans que j’ai le plaisir de conduire. Je ne vous le cacherai pas non plus, j’ADORE conduire. J’aime vraiment avoir une voiture et c’est d’ailleurs pourquoi mon copain et moi, on n’investit pas moins de 325 $ en paiement de voiture par mois et 80 $ en assurance. C’est de l’argent que nous décidons de mettre dans un véhicule qui me permet d’aller partout.
 
Par contre, je remarque quelque chose depuis des années et c’est aujourd’hui que j’ai envie d’en parler. C’est fucking toff être une fille et conduire. Certains hommes peuvent être vraiment sexistes, misogynes et violents avec les femmes au volant.
 
Exemple 1 : c’est le début de Murale, donc la rue St-Laurent est bloquée. Je pars de la garderie sur le plateau, proche de ma job en voiture et je tourne sur la rue Rachel pour aller vers Clark, rejoindre Mont-Royal pour finalement me retrouver sur St-Laurent pour me rendre dans le Mile-End. Comme ce n’est pas la première fois que je prends ce petit détour, ça ne me stress pas. Je suis donc sur la voie unique avec mon char et une voiture me dépasse par la gauche.
Je klaxonne la voiture pour lui signifier qu’il y a juste une voie. Peut-être ne sait-elle pas que c’est Murale. Un taxi vient alors à toute vitesse à mon côté pour me traiter de « blonde », « d’asti de criss d’épaisse », tout ça devant mon enfant. Je le traite de « cave » en retour en lui disant que j’aime vraiment mieux UberX. Reste que je me suis fait crier après de façon assez violente pour avoir signalé à une voiture – qui n’était pas la sienne – un dépassement illégal.
 
Exemple 2 : Je me stationne en parallèle sur la rue Coloniale, proche de la job. Ça fait 10 ans que j’habite à Montréal, mon parallèle ne prend pas deux minutes à faire. Une voiture vient à mes côtés, commence à me klaxonner avec violence et prend le temps de me traiter de « criss de pute » parce qu’il y a du trafic et que je ne devrais sûrement pas utiliser mon droit de me stationner en parallèle.
 
Comme je vous le disais plus tôt, mon chum conduit aussi notre voiture. Disons que ça me fait ben plaisir de scroller mon feed Instagram quand je peux alors il conduit souvent la fin de semaine. Vous savez quoi? Pas une fois depuis les six ans et demi que je le vois conduire, je l’ai vu se faire traiter de nom, se faire crier après où quoi que ce soit. Moi, ça m’arrive chaque semaine. CHAQUE SEMAINE.
 
Malheureusement, je ne suis pas capable de m’habituer à cette violence. Je comprends que c’est plate le trafic guys pis les rues bloquées, mais on est à Montréal, c’est comme ça l’été. Vous devriez peut-être juste mieux planifier vos déplacements.
 
Ça, c’est sans parler du fait qu’on présente depuis des lunes les femmes comme de mauvaises conductrices. Combien de fois j’ai entendu des gens dire « la fille conduisait vraiment comme une conne ». Par contre, je vois rarement des gens présager que la conduite agressive ou imprudente d’une personne est l’objet d’un homme. Mais non, c’est toujours le cas chez la femme.
 
Tout ça, ça ajoute au climat de peur des femmes et au fait qu’il y a vraiment encore beaucoup de travail à faire pour l’égalité des sexes. Il y a vraiment une belle gang de messieurs qui devraient trouver une façon d’exprimer leur agressivité d’une autre façon qu’en criant après les femmes au volant. Partageons donc la route en étant plus chill. Ça va juste être mieux pour tout le monde.
 
Je suis vraiment tannée d’avoir à me faire dire des commentaires agressifs et méchants parce que je suis une femme. Je suis vraiment tannée qu’on me traite de pute à tout va en voiture. Surtout, je suis vraiment tannée de cette misogynie ordinaire qui me pourrit la vie.
 
Je vais rester sur la route, c’est mon droit de conduire et je vais continuer de le faire. Et je vais surtout prendre le temps une fois pour toutes de dénoncer cette situation.
 
Est-ce que vous êtes agressée quand vous êtes au volant? 
 

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