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Ce qui se passe derrière le travail de blogueuses au Québec!
Crédit: Josiane Stratis

Je sais pertinemment que parmi les affaires qui vont revenir chaque année, il y a les couleurs pastel, les cheveux pâles pour l’été, les marinières, les imprimés fleuris et un paquet d’autres choses. Mais ce ne sont pas les seules affaires qui reviennent. Chaque année, je dois aussi justifier la charge de travail que représente ma job, et ce, depuis que j’ai décidé de lancer un site avec ma sœur et une amie, il y a presque six ans.
 
Parce qu’on dirait que pour certaines personnes, notre vie, c’est d’attendre de déballer des cadeaux pis faire des Snapchat au bureau. J’ai comme le goût de prendre le temps ~ parce que anyway, je peux le faire ~ pour expliquer le travail quotidien que j’effectue.
 
Bloguer, ça coûte de l’argent
 
Je sais, à l’ère des médias sociaux, on ne pense pas que faire rouler un site, ça coûte de l’argent. Pourtant, il y a les serveurs, le gars qui s’occupe de la programmation, le site en tant que tel, la graphiste, et bien d’autres travailleurs de l’ombre. Sans compter le matériel : le bureau, l’électricité, les ordis, les caméras. Nos cellulaires, Internet au travail, à la maison,  le char, les parkings, le gaz, les assurances, pis tout. Une vraie job quoi! Comme tout le monde!
 
Là-dessus, je ne monétise même pas notre temps de travail, puisque vous l’aurez remarqué, on a pris l’habitude de faire des douze heures par jour, du lundi au vendredi, depuis cinq ans et demi.
 
Chez TPL et TPL Moms, nous devons avoir une éditrice parce que nos collaborateurs (qui sont bénévoles) sont très nombreux. Ce qui fait qu’il y a beaucoup de révisions et de corrections à faire sur chacun des textes pour assurer un standard de qualité. Ce qui veut dire que nous devons sortir un salaire à temps plein.
 
Vivre de crèmes pour la face et d’eau fraîche
 
C’est la première année où je fais assez d’argent avec mon site pour ne pas stresser chaque mois à savoir comment je vais faire pour payer mes factures. C’est glam à dire han? Bien, pas tant, parce que le concept semble mettre mal à l’aise des personnes qui nous lisent. Est-ce que j’étais plus intègre quand j’étais pauvre, pis que je devais vendre des Tupperwares pour y arriver? Non, je ne pense pas. La ligne éditoriale de TPL et de TPL Moms n’a pas changé avec les années. En fait, au contraire, on s’intensifie au fil du temps en partageant encore plus notre point de vue et en brisant des tabous chaque fois qu’on en a l’occasion. Même si ça nécessite de gérer une tonne de commentaires.
 
Qu’est-ce qui paye? Qui est-ce qui paye? 
 
À moins de vivre sous une roche, vous aurez compris qu’il n’y a jamais rien de vraiment gratuit dans un monde capitaliste. Quand vous allez sur les réseaux sociaux, vous savez que vous allez voir de la pub. Il se peut aussi que vos infos soient vendues. Ça fait partie de la game. Quand vous consultez un site comme TPL et TPL Moms, il y a des bannières. Il y a maintenant des pop-up sur votre cellulaire. Avant, nous ne faisions pas un centime avec ça. Maintenant, nous avons trouvé une façon pas parfaite, mais en work in progress de le faire.
 
Il y a aussi les articles commandités – toujours présentés par les marques avec leur logo – qui permettent de payer le gros de nos dépenses et de notre loyer. Je comprends mal pourquoi à chaque fois que nous en faisons un (écrit par Carolane ou moi), nous nous faisons envoyer promener par certains de nos lecteurs. On dirait que si ce n’était pas payé, ce serait correct, mais comme c’est payé (ET indiqué, toujours, depuis nos débuts), eh bien là, c’est de la marde. Sorry, mais non.
 
Je ne sais pas si vous vous promenez parfois sur les médias traditionnels, mais des publireportages, il y en a partout. C’est parfois super bien indiqué, parfois non. Sérieux, quand je lis des magazines papier, j’hallucine devant le nombre de pubs que je vois. Mais c’est correct, parce que je comprends les coûts.
 
Des parallèles
 
Quand je vais m’acheter des vêtements avec mon propre argent, je ne suis pas fâchée de le payer 50 % plus cher que le proprio de la boutique, parce que je sais que ça paie son salaire, celui de la caissière, l’électricité, le loyer, etc.
 
Quand je vais au dépanneur, je sais que je paie mon sac de chips plus cher que si j’allais m’en acheter une boîte de cent chez un grossiste parce que le profit que mon dép sert à payer toutes les dépenses de son entreprise.
 
Le prix de la transparence
 
Des fois, je me trouve un peu conne d’être aussi transparente. Si je ne disais pas tout ce que je reçois, je n’aurais pas à me justifier. Je n’aurais pas à dire ce que j’achète avec mon argent et ce que je reçois chaque fois que je parle de quelque chose sur mes réseaux sociaux, chaque fois que je dis quelque chose sur une marque ou sur un produit.
 
Des fois, je me dis que si ce n’était pas important pour moi d’indiquer qu’un contenu a été payé, parce que j’ai une formation en journalisme et simplement du respect envers mes lecteurs, ben je me dis qu’il n’y aurait pas autant de chialage. Ce serait vachement plus simple.
 
Mais là, cette semaine, j’avais envie de faire une mise au point parce que j’ai travaillé trop fort dans les dernières années pour me faire ramasser chaque fois que je fais des sous. Désolée, mais j’ai une famille, j’ai des dépenses comme tout le monde et le projet de TPL et de TPL Moms est devenu très grand. Pas mal plus que ce que je m’imaginais.
 
Désolée guys, mais c’est ça la réalité. On doit faire des sous pour vivre et on le fait de la façon la plus éthique possible. Et c’est ça qui nous permet d’être aussi libres dans nos propos par la suite.
 
J’espère que ce qu’on fait est un peu plus clair pour vous.
 
Je me considère comme chanceuse d’avoir pu monter un aussi beau projet qui me permet de me réaliser en tant que personne et qui fait évoluer aussi les rédactrices et les rédacteurs qui font partie de notre gang. C’est fou d’avoir fait autant de choses et d’avoir pu briser des tabous. Mais là, dans toute ma transparence, je ne suis pas capable de ne pas vous en parler. Je suis fatiguée de devoir me justifier.

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