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La fois où j’ai essayé une auto qui conduisait à ma place
Crédit: khalilj/YouTube, capture d'écran et montage par Laurence Hamelin

« Conduire une auto, c’est fucking dangereux! ». C’est le constat que j’ai fait quand j’ai racheté le vieux char de mes parents ce printemps.

Revenons en arrière. Depuis que je suis déménagée à Montréal, au début de la vingtaine, je me suis pas mal juste déplacée en vélo et en transport en commun. Quel ne fut pas le choc de reprendre le volant plus régulièrement et de me rendre compte de l’impact – littéralement – que je pouvais avoir sur la vie des autres. On dirait que je me fais semi-confiance; l’erreur est tellement humaine. #AnxieuseMuch

Puis, par un heureux hasard, j’ai été invitée, il y a deux semaines, à essayer une voiture semi-autonome, la Ford Fusion 2017. Hybride en plus. Je ne pensais pas que certaines technologies « de luxe », comme celles de la Tesla, étaient déjà rendues mainstream!

Ma conception initiale d’un char semi-autonome.
Crédit : WIFFLEGIF.COM

En gros, une voiture semi-autonome peut compter sur des outils technologiques (radars, caméras, GPS et senseurs) pour faire certaines actions à la place de la personne au volant : freiner, accélérer, gérer les distances, se stationner.

Au départ, j’étais enthousiaste. Comment peut-on être contre la vertu? Ces technologies-là sont plus sécuritaires que les réflexes de bien des conducteurs, et si ça peut sauver des vies ou éviter des accidents, tant mieux.
 


Moi, enthousiaste, qui découvre qu’une auto peut se stationner par elle-même en parallèle. Boom!
Crédit : Marilyne Lachance
 
Sauf que, rapidement, j'ai commencé à me poser d'autres questions. Est-ce que ces voitures ne pourraient pas potentiellement déresponsabiliser les gens au volant ou leur donner une impression de fausse sécurité?
  • « Ça me stresse, conduire dans le trafic ». Pas de problème, on a créé un programme qui vous permet de chiller, sans avoir à peser sur l'accélérateur ni le frein.
     
  • « J’ai donc de la misère à garder ma ligne sur l’autoroute ». Heureusement, le véhicule détecte la conduite erratique et te fera signe si tu as besoin d’une pause ou d’un café (!).
     
  • « Les piétons et les cyclistes font n’importe quoi et j’ai peur de ne pas avoir le temps de freiner à temps pour les éviter… » Stressez pas avec ça! L’auto vous alerte si elle détecte une collision potentielle et peut même freiner pour vous si vous êtes trop slow! #TrueStory
Comprenez-moi bien : je pense que c’est important et nécessaire d'augmenter la sécurité des véhicules. Comme cycliste, piétonne, conductrice et citadine, je suis la première à m’en réjouir.

Par contre, mon malaise vient du fait que, collectivement, je trouve qu'on oublie trop souvent que de conduire une auto, c'est un privilège immense qui vient avec une grande part de responsabilité individuelle. Pas besoin d'aller chercher loin (les commentaires sur la page Facebook de la SAAQ, *tousse*) pour faire le constat.

Déjà qu’au Québec, on a fait le choix d’opter pour un régime d’assurance no fault. Genre, on peut emportiérer un cycliste par inattention et s’en tirer avec une amende moins chère qu’un ticket de parking.

Faut-il vraiment suggérer aux gens que leur auto a la capacité de s'arrêter toute seule si quelqu’un traverse la rue au mauvais moment? Avant de rendre les voitures plus intelligentes, n’y a-t-il pas encore beaucoup de chemin à faire au niveau de la responsabilisation des usagers de la route?

Trouvez-vous que je suis dans le champ (héhé)? Dépenseriez-vous plus de sous pour une voiture du genre?

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