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Femmes, pouvoir et politique : une bataille qui est loin d’être terminée
Crédit: www.premier.gouv.qc.ca

Un article vraiment éloquent est sorti sur le blogue L’actualité, faisant la démonstration nette et précise que l’Assemblée nationale du Québec est sexiste. Elle est sexiste pour plusieurs raisons :

  • Un homme député intervient en moyenne 33 % plus souvent que sa collègue députée;
  • Le temps de parole de ce dernier est 40 % plus long que les femmes députées;
  • Les hommes députés déposent 25 % plus de projets de loi que leurs homologues féminins.

Si on ajoute à cela le fait que les politiciennes soient largement sous-représentées – seulement 29 % des députés élus sont des femmes (avril 2016) –, il y a de quoi d’inquiéter! Là où il faut se poser des questions en tant que société dite démocratique, c’est lorsqu’on constate que le pouvoir est très largement entre les mains des hommes. Je m’explique. Dans notre système politique, lorsqu’un gouvernement est majoritaire, comme c’est le cas en ce moment, le parti élu peut presque tout faire puisqu’il détient plus de 50 % des voix. Ce qui veut dire que le Premier ministre et ses ministres ont énormément de pouvoir. Ils peuvent modifier les lois et règlements de notre société comme bon leur semble. Le Premier ministre nomme les députés aux postes de ministres qu’il désire. Eh bien, voici les conséquences des choix judicieux (ironie) de Philippe Couillard :

  • Les ministères avec le plus gros portefeuille sont largement gérés par des hommes (dans le gouvernement Couillard actuel, les hommes ministres détiennent un budget quatorze fois supérieur à celui des femmes ministres);
  • Les ministres masculins prononcent 59 % plus de mots que les femmes ministres, interviennent 122 % plus souvent et déposent 141 % plus de projets de loi;
  • Tout cela malgré le fait que les femmes ministres détiennent plus d’expérience que leurs collègues masculins.

Bref, ce sont les hommes politiciens qui détiennent le pouvoir, il n’y a pas de doute là-dessus! C’est quand même fou, quand on y pense, puisque les femmes ont le droit de se présenter aux élections provinciales depuis 1940. On est bien loin de la parité. J’ai l’impression que le monde politique traîne de la patte et qu’il est loin derrière les changements qui se sont opérés, et continuent de s’opérer, au sein de la société. Le problème est systémique : les postes importants (comme ministre ou leader parlementaire) sont, d’abord et avant tout, vus avec des hommes à leur tête. Pas parce que les femmes ne peuvent pas les occuper, mais parce qu'on pense d'abord aux hommes, par la nature de ces postes où il faut argumenter, parler fort et passer à l’offensive. C’est ridicule!

Rappelons-nous de l’épisode Lise Thériault, qui a éclaté en sanglots en point de presse et que les médias ont tout de suite qualifiée de trop émotive. Ils ont remis en question son poste de ministre de la Sécurité publique à cause de cette émotivité (je ne vais pas aller plus en détails dans cette affaire, puisqu’elle a aussi ses torts sur le fond). Rappelons-nous de l’ex-Première ministre Pauline Marois à qui on a fait enlever ses foulards, puis ses bijoux, afin qu’elle paraisse « plus près du peuple ». Parce que l’apparence d’une femme, c’est toujours important, han! Je ne me souviens pas qu’on ait fait des reproches sur les vêtements de Philippe Couillard ou de Jean Charest; vivement les double standards! Les femmes sont plus durement jugées par les médias, le public, notamment sur les médias sociaux. Ça aussi, il faut que ça change, si nous désirons que plus d’entre elles se présentent aux élections.
 
Ce qui me fâche dans tout cela, pour avoir arpenté les couloirs de l’Assemblée nationale, c’est qu’il y règne un véritable patriarcat. C’est tangible. Les veilles traditions, habitudes prises au fil des décennies, où seuls les hommes régnaient en maîtres dans cette vieille institution, ont peine à se perdre. Faut croire que cette culture prend du temps à changer!
 
Plusieurs solutions pourraient être envisagées pour augmenter la présence des femmes (et des jeunes) en politique, comme une loi obligeant les partis politique à présenter entre 40 et 60 % de candidates féminines, une proposition du Conseil du statut de la femme. Le mode de scrutin pourrait être modifié pour une proportionnelle, l’horaire des parlementaires gagnerait à être assoupli, etc. Pourtant, le réel problème, quant à moi, réside dans cette vieille culture de boys club qui perdure.  Augmenter la présence des femmes en politique est primordiale, mais une fois élues, elles doivent également avoir accès aux postes de pouvoir.
 
J’ai énormément d’admiration pour Agnès Maltais, Manon Massé, Diane Lamarre et plein d’autres femmes politiciennes qui se battent pour défendre leurs dossiers, représenter leurs citoyens et qui donnent une voix aux femmes du Québec, dans cette Assemblée nationale bien loin de la parité.

Que pensez-vous de la situation des femmes en politique au Québec? 

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