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Quoi faire en cas de viol?

Auteur: Annie Nonyme
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Quoi faire en cas de viol?
Crédit: Jeremy Cai/Unsplash

J’imagine que ce n’est pas un breaking news de dire que j’étais un peu perdue quand je me suis fait violer. Après quelques jours à travailler sur le pilote automatique et suite à un texto envoyé à une amie sous forme de « je pense que je me suis fait violer, mais je ne suis pas certaine », j’ai entrepris une remontée difficile pour survivre au viol dont j’avais été victime. Voici donc une liste non exhaustive des ressources existantes pour vous aider à surmonter cette épreuve :
 

Demander du support à votre entourage
 
Pensez aux gens de votre entourage avec qui vous êtes confortables de parler de la situation sans filtre, et permettez-vous de préciser le genre de support dont vous auriez besoin. Pour ma part, j’en ai parlé à quatre de mes meilleures amies au début. J’ai choisi de ne pas le mentionner à ma famille.
 
Le support était très présent initialement et s’est estompé par la suite. N’hésitez pas à relancer votre entourage pour mentionner que vous êtes toujours dans le besoin.
 

Essayer de mettre de l’ordre dans ce qui s’est passé
 
Les premières journées suivant le viol étaient particulièrement insupportables, car j’essayais de me souvenir de tout ce qui s’était passé et dans quel ordre, puis j’oubliais des bouts qui me revenaient par la suite. Pour essayer de mettre un peu d’ordre dans mes idées, j’ai rédigé le scénario de mon viol.

J'ai démêlé les évènements, ce qui s’est dit, dans quel ordre, comment je me suis sentie, ce à quoi je pensais, puis j’ai noté les dates et les heures importantes, gardé mes historiques d’appels, nos conversations Facebook, etc. Je n’avais pas pris de décision à savoir si je portais plainte ou non. Je me suis dit que le pacing de mon viol pourrait servir si je décidais de le faire.
 

CALACS : Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel
 
Quelques jours après mon agression, j’ai rencontré des intervenantes de chez Viol-Secours (membre CALACS). Elles m’ont énormément guidée à travers les ressources qui existaient pour moi, ce qui m’était possible de faire ainsi que les services qu’ils offraient eux-mêmes.

Ils offrent, entre autres : 

  • Du suivi individuel;
  • Un groupe ouvert;
  • Un groupe fermé. 

Le groupe ouvert vous permet de vous présenter, sans obligation, à une rencontre hebdomadaire avec d’autres victimes d’agression sexuelle. Les rencontres sont guidées par des intervenantes spécialisées. Durant ces rencontres, vous pouvez soumettre un sujet que vous aimeriez traiter ou seulement écouter les autres. Votre participation durant les rencontres n’est pas obligatoire. Le groupe ouvert a été la première occasion pour moi d’être en contact avec d’autres victimes et de me sentir moins seule. Chacune était à un stade différent. C’était rassurant de voir des femmes qui sont passées au travers et d’avoir des conseils de leur part. Je me suis aussi liée d’amitié avec certaines qui se gardaient disponibles si j’avais des questions, lorsque nous étions à l’extérieur du groupe.
 
Le groupe fermé est un processus plus strict d’une durée de douze semaines, à raison de trois à quatre heures par semaine. Vous êtes toujours avec les mêmes personnes, facilitant le partage et le sentiment de confiance entre les participantes. Les rencontres sont dirigées et traitent d’une multitude de sujets, visant une reprise de pouvoir sur soi-même.
 
Autrement, les intervenantes des CALACS peuvent vous accompagner si vous désirez porter plainte, si vous désirez compléter la trousse médico-légale et les processus de l’IVAC (voir section suivante).
 
Les locaux de Viol-Secours ne sont pas clairement affichés. Vous n’avez donc pas à avoir peur que quelqu’un vous voit y entrer. Les locaux sont aussi sécurisés : les portes sont barrées en tout temps, une intervenante doit vous ouvrir. Ces mesures sont offertes dans l’objectif de protéger les victimes et de leur offrir un environnement sécuritaire.
 
Toutes ces ressources sont gratuites, et un centre d’urgence est ouvert 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
 

IVAC (Indemnités aux victimes d’actes criminels)
 
L’IVAC est une division de la CSST qui offre « des indemnités et des services comprenant l’assistance médicale, des indemnités pour incapacité totale temporaire et pour incapacité permanente, des indemnités de décès ainsi que des services de réadaptation. » (Source : IVAC)
 
J’ai lu quelques scénarios horribles de gens qui ont eu à transiger avec l’IVAC mais, pour ma part, je n’ai que du bien à dire.
 
Vous pourriez avoir droit à : 

  • Une indemnité de salaire allant jusqu'à 90 %;
  • Des remboursements de frais reliés à l’acte criminel (médicaments, transport chez le médecin, etc.);
  • Le paiement d’une psychothérapie en clinique privée;
  • Des remboursements de frais liés à un retour au travail (remise en forme, ergothérapeutre, etc.). 

J’étais attitrée à une agente, donc je n’ai pas eu à répéter mon histoire chaque fois que j’avais à traiter avec eux. Une conseillère en réadaptation était aussi attitrée à mon dossier, me guidant dans le cadre de mon retour au travail. Le traitement de mon dossier s’est fait dans un délai raisonnable.
 
Vous n’êtes pas obligés de porter plainte pour avoir droit aux prestations de l’IVAC. Si j’avais décidé de le faire, l’IVAC m’aurait aussi soutenue en ce sens, financièrement et psychologiquement.
 
Concrètement, j’ai eu à compléter un formulaire et décrire en trois ou quatre lignes l’acte dont j’ai été victime. J’ai eu un rendez-vous téléphonique durant lequel l’agente de l’IVAC posait des questions pour mesurer l’impact et les ressources dont j’avais besoin. Ils n’ont jamais douté de moi, ne m’ont jamais demandé de preuve de mon agression, et ça a vraiment été un poids de moins sur mes épaules.
 

La trousse médico-légale
 
La trousse médico-légale « s’agit d’une boîte contenant les formulaires et le matériel nécessaire pour effectuer les prélèvements au cours de l’examen médicolégal. Cette trousse est utilisée lorsque les trois conditions suivantes sont remplies :

  • L’agression remonte à cinq jours ou moins;
  • La victime de l’agression a donné son consentement à l’examen médicolégal;
  • La victime porte plainte à la police ou est susceptible de le faire ultérieurement. » (Source : CALACS

La trousse est gardée pendant quatorze jours. Si vous décidez de porter plainte, la trousse pourra être utilisée comme élément de preuve. Vous pourrez toujours prendre la décision de porter plainte après quatorze jours, mais la trousse ne pourra plus consister en un élément de preuve.
 

Financièrement parlant
 
J’ai été en arrêt de maladie durant tout le processus. J’ai eu connaissance de quelques trucs pour m’alléger financièrement durant cette période :

  • Si vous avez des prêts et bourses avec le gouvernement, vous pouvez avoir accès à un programme de remboursement différé. Pour ma part, je n’ai pas eu à rembourser mes prêts et bourses pendant un an.
  • Si vous avez un prêt personnel ou une carte de crédit avec une banque ou la Caisse, vous avez probablement une assurance qui vous couvre si vous êtes en arrêt de maladie. Pour ma part, j’ai eu un arrêt de paiement de mon prêt personnel et un remboursement de mon solde de carte de crédit. ​
  • Vous pourriez avoir droit à des prestations de l'assurance-emploi en même temps de recevoir les prestations de l'IVAC. Assurez-vous de valider le tout du côté de Service Canada et de l'IVAC pour ne pas vous faire avoir. 

P.-S. : Ces assurances et prestations sont assez généreuses, mais j’ai eu envie de gueuler à pas mal de reprises pour y avoir droit. Soyez patients.

Pour trouver des ressources offertes près de chez vous, cliquez ici.
 
Pour avoir de l’information au sujet de l’IVAC, cliquez ici.

Pour trouver un psychologue, cliquez ici. 
P.-S. : L’outil de recherche permet aussi de voir si le psychologue exécute des mandats de l’IVAC.
 

Ce texte représente les étapes par lesquelles je suis passée. Merci d’ajouter vos suggestions en commentaire pour les lecteurs, ou membres de leur entourage, qui pourraient en avoir besoin.

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