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Récit sans censure d’une ex-boulimique : la conclusion
Crédit: nedastaff/Instagram
Voir ici pour la partie un et ici pour la partie deux.

Si je vous ai parlé crûment de mon expérience avec les troubles alimentaires, c’est parce que je veux que nous arrêtions de glorifier la maigreur. Il y a beaucoup d’actions et de réflexions qui se font dernièrement sur les réseaux sociaux et dans la société, et ça me donne l’espoir que les choses changent. Mais quand je vois passer des défis de thigh gap, de feuille de papier pour mesurer la taille ou un iPhone 6 pour mesurer ses jambes, je rage et je pleure. Parce que glorifier la maigreur over tout, c’est non. Parce que c’est vraiment trop facile de tomber dans le côté sombre des diètes et des remises en forme. Parce que la nourriture devrait être un carburant pour le corps et un plaisir, pas un ennemi. Parce qu’on ne devrait jamais suggérer à quelqu’un de maigrir ou de grossir, et le faire sentir comme une merde à cause de son poids.

Malgré toutes les heures de thérapie, tout le positive thinking que je fais, j’ai peur de rechuter. Je pense que ça prend au minimum un an sans compulsion pour être déclaré cliniquement guéri d’un trouble alimentaire. J’en suis à huit mois. Huit mois où j’ai dû déployer des énergies folles pour me tenir loin de mes démons. Huit mois où chaque commentaire pouvait me faire basculer dans le vide. Je sais qu’une partie de comment je me sens m’appartient, mais je pense aussi qu’il existe une sorte de fixation chez les femmes, par les femmes, sur le poids des autres. Oui, j’entends parfois des commentaires vraiment stupides de la part d’hommes, mais j’ai souvent l’impression que les pires proviennent de femmes.

Suis-je la seule à trouver que nous passons vraiment trop de temps à se comparer et à scruter les pertes ou prises de poids chez les autres? À questionner sans délicatesse celles qui perdent du poids pour « connaître leur truc », sans prendre conscience que ce « truc » peut être le résultat d’une maladie physique ou mentale et non d’une remise en forme?

Tout le monde devrait se sentir bien dans le corps qu’il possède. Ça ne m’appartient pas de juger une perte ou une prise de poids chez une personne, comme les fluctuations de mon corps n’appartiennent à personne d’autre que moi.

Autant je travaille fort pour me détacher émotionnellement des commentaires que je peux recevoir, autant je crois qu’il y a matière à réflexion dans notre rapport à notre corps et au corps des autres femmes.

Enfin, concernant les tendances à l’incitation à la maigreur sur les réseaux sociaux et autres, je crois que le mieux à faire est de dénoncer les nouveaux trends maigreur et de les faire taire avec des tendances opposées. Dernièrement, le thigh gap avait été enseveli sous le hashtag « mermaid thighs », qui promouvait une image plus saine et réelle des cuisses féminines.

D’ailleurs, je conclus en précisant que je ne bash aucunement les corps minces ou maigres. Les humains viennent en toutes sortes de format et c’est parfait comme ça. J’aimerais juste que le récit de mon expérience avec les troubles alimentaires puisse ouvrir les yeux sur le quotidien pas très rose d’une personne souffrant de cette maladie mentale et d’une réalité malsaine que je remarque entre femmes.

Aussi pour vous dire que c’est tout à fait possible de s’en sortir.

Oui, la maladie mentale est souvent un cercle vicieux, mais une fois sortie de l’engrenage, c’est possible d’en tirer du beau.

N’hésitez pas à aller chercher de l’aide et rappelez-vous que votre corps et votre silhouette ne vous appartiennent qu’à vous seule.

Que pensez-vous du rapport des femmes avec le corps des autres femmes?

Ressources :

ANEB Québec
Téléphone : 514-630-0907, 1 800 630-0907 (sans frais)
Par courriel : info@anebquebec.com

Tel-Jeunes
1 800 263-2266

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