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Objectification de la femme, culture du viol et absence de consentement : la réalité des initiations
Crédit: Pressmaster/Shutterstock

La rentrée scolaire est déjà entamée pour la majorité d’entre nous. Qui dit retour à l’école dit aussi initiations. Les campus universitaires et les bars sont remplis d’étudiants déguisés n’importe comment, scandant des slogans douteux. Alcool, plaisir et rencontres sont souvent promis. Mais qu’est-ce qui se cache d’autre dans ces fameuses initiations?

Comprenez-moi bien, je trouve le concept de base super correct : participer à des activités pour rencontrer les personnes avec qui vous passerez les trois ou quatre prochaines années. Je n’ai pas de problème non plus avec l’alcool qui y est souvent omniprésent. Ce qui me dérange, c’est la culture du viol qui est de plus en plus présente et niée par plusieurs et la pression des pairs.

Bien que l’on puisse penser qu’il n’y a qu’aux États-Unis où il se produit des histoires d’horreur, la réalité est bien réelle au Québec. J’ai l’impression que la société se ferme les yeux sur ce problème et le dédramatise, ce qui fait d’ailleurs partie de la culture du viol (nier la fréquence des agressions sexuelles, minimiser leurs répercussions négatives et blâmer les victimes).

Mais comment nier que le problème est bien réel lorsque l’on voit une affiche comme celle-ci?

Crédit : Nicholas Lucas-Rancourt/Facebook

Tout est wrong et dégradant sur cette affiche : de l’objectification du corps de la femme à l’obligation de boire de l’alcool. Pas très consentant, tout ça. Même si on se doute que chaque personne est « libre » de faire les actions proposées, il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de la pression des pairs, la volonté de se faire accepter et la peur du rejet. De plus, selon moi, insister est une forme de violence en soi. Et, de toute manière, le simple fait de proposer ces actions est condamnable.

J’ai fait un petit sondage auprès des collabos pour connaître leurs expériences personnelles. Voici ce qui en est ressorti :

« Tout le monde se retrouvait dans un bar. Les hommes avaient des lassos, devaient attraper les filles et danser avec elles (lorsqu’elles étaient encore pognées dans la corde)… C'était pathétique. »

« Je n’ai pas voulu me mettre en sous-vêtements dans une fontaine. On m'a crié après, on m'a insultée devant tout le monde parce que je refusais. Un autre moment, il fallait se faire embrasser par la personne à gauche et “donner” le bec à la personne sur le banc devant. Je ne voulais pas le faire parce que j'ai un chum. On m'a carrément dit que je savais dans quoi je m'embarquais quand je suis montée dans le bus, que j'avais donné mon consentement par l'action de monter dans celui-ci. Pour cette même raison, j'ai fait des push-ups et des squats dans l'eau (pour que mes seins ou mes fesses touchent à l'eau) avec toutes les filles pendant qu'on se faisait watcher par les gars. Plus tard, il fallait participer à une danse dégradante de groupe. On était encouragé à se déshabiller, à frencher, etc. La danse la plus cochonne gagnait. »

« On était assis en rond et on devait se passer une glace avec la bouche en la poussant avec la langue dans la bouche de l'autre. Guess what, j’étais entre deux gars et j'étais en couple. Je ne voulais pas avoir l'air d'une lâche donc je l'ai fait et après j’ai pleuré. »

Ces témoignages sont la preuve que ce ne sont pas des cas isolés. Il ne faudrait pas oublier qu’une étudiante sur quatre a été victime d’une agression sexuelle sur les campus universitaires canadiens (révélé par Elle Québec ici), sans compter toutes celles qui ne portent pas plainte.

Des initiations prônant le consentement et non pas l’humiliation, l’objectification de la femme et la culture du viol serait-il trop demandé?

 

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