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Ce qui me fait remettre en question la solidité d’une amitié d’enfance
Crédit: Candus Camera/Shutterstock

Lors de ma dernière aventure à l'étranger, j'ai fait une énorme réalisation : j'ai des amis que j'adore (ou que je pensais adorer), que je côtoie depuis de nombreuses années, mais avec qui je n'ai strictement rien, mais rien en commun. Des amis que j'imagine avoir dû garder simplement parce que nous avons vécu de bons moments ensemble et que j'en suis nostalgique. Parce que nous nous retrouvons souvent invités aux mêmes événements sociaux, parce que nous vivons encore près les uns des autres, etc.

J'ai réalisé que j'ai, dans mon cercle d'amis, des gens auxquels je ne m'identifie absolument pas. Si je les rencontrais aujourd'hui, je ne me lierais propablement pas d'amitié avec eux. Ce n'est peut-être pas si dramatique si ce n'est pas en voyage à l'autre bout du monde, où c'est avec les seules personnes que l'on connaît que l'on vit cette situation.

J'ai passé un mois avec deux de ces personnes. 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pendant 4 semaines, tous les trois ensemble. Nous partagions notre chambre, parfois même un lit, toujours nos repas, souvent nos réflexions, surtout nos inquiétudes, etc. J'ai passé un mois complet à me demander comment il était possible que je n'aie pas prévu qu'on se chicane aussi souvent en voyage. Un mois à refouler ma frustration. 

J'ai réalisé que même les sujets de conversation qui les intéressaient ne m'intéressaient pas et vice versa. Mes activités de choix n'étaient pas leurs activités de choix. Ma façon de gérer mon budget n'était pas la même que la leur. Ce fut donc plutôt difficile de trouver un terrain d'entente lors de plusieurs décisions de base telles que la réservation d'auberge, de transport ou d'activités.

La tension était souvent à couper au couteau. Nous étions face à une culture étrangère super intéressante, devant des paysages magnifiques et vivions des moments fous ensemble. Pourtant, nous marchions constamment sur des œufs, tentant de profiter de ces journées tout en évitant d'aborder certains sujets. Le soir venu, les conversations autour d'une bière étaient risquées.

J'ai eu peur quand je me suis demandé s'ils avaient eu la même réflexion que moi par rapport à la raison d'être de nos relations amicales. Comment allions-nous vivre avec la réalisation que nous sommes aussi différents en fin de compte? Allions-nous simplement, sans nous le dire, nous séparer lentement à notre retour? Convenir dans le silence que ce périple fera partie de nos derniers souvenirs ensemble? Pouvions-nous redevenir aussi proches qu'avant malgré les émotions et les mots du mois passé? 

Parfois, on a tellement passé de temps à analyser les défauts de l'autre qu'on ne peut pas revenir en arrière. On ne peut pas ne plus les voir. Mais dans un contexte moins stressant qu'est le retour chez soi, peut-on arriver à accorder moins d'importance à ces défauts qui nous sont malgré tout plus apparents? Le voyage est-il seulement la cause normale de frustrations entre amis qui ne sont pas habitués de vivre ensemble, ou est-il l'élément déclencheur ou révélateur de différences insurmontables?

 

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