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Jamais assez maigre, la réalité encore cachée des mannequins haute couture
Crédit: Josiane Stratis

« J’ai de la difficulté à comprendre la violence qu’on impose aux femmes mannequins », c’est ça que j’ai pensé en sortant de ma rencontre avec Victoire Maçon Dauxerre, auteure du livre Jamais assez maigre, journal d’un top modèle qui est de passage au Québec cette semaine pour faire la promotion de son livre.
 
C’est Carolane qui m’a booké la rencontre pendant mes vacances en Italie. Je pense qu’elle savait que j’allais aimer rencontrer Victoire parce que son histoire est aussi crue que touchante.
 
Mannequin à l’âge de 17 ans, Victoire devient rapidement populaire sur les passerelles grâce à son visage doux et découpé. Lors de sa première rencontre avec son agence, on lui dit qu’il faudrait qu’elle perde quelques centimètres afin de s’assurer de travailler. Victoire perd donc 10 kilos en deux mois afin de se trouver du travail. C’est assez pour la mettre dans l’engrenage de l’anorexie et des troubles alimentaires.
 
Rapidement, elle se rend compte qu’il est trop tard, la roue tourne et elle doit maigrir pour travailler, ce qui veut dire ne pas manger. Parfois, elle doit manger devant des gens, alors elle prend des laxatifs afin d’éliminer le plus possible ce qu’elle mange. Le corps s’habitue à ce genre de chose et elle se retrouve à prendre une tablette de laxatif à la fois.
 
À un certain moment, la maladie prend toute la place et elle tente de se suicider. Ses parents lui trouvent une clinique où un psychiatre lui sauve la vie.
 
Victoire est consciente de sa chance, de la chance d’avoir eu des parents qui ont pu la placer dans une clinique convenable (privée) qui répondait à ses besoins. Elle est aussi consciente de sa chance de s’en être sortie. Sa tentative de suicide était un appel à l’aide qui a été entendu.
 
« On est considéré comme des objets », m’a dit Victoire en entrevue. Ça m’a frappée en plein visage. Je sais que l’industrie de la mode est un peu conne, mais je ne pensais pas autant, pas après des législations comme il y a eu en France l’année dernière. Au dire de Victoire, c’est un peu n’importe quoi, les créateurs continuent de faire à leur tête.
 
Victoire est courageuse, parler de l’industrie de la mode et de ses défauts, c’est choisir de terminer sa carrière. Personne ne parle de ce genre de chose et tout le monde se renvoie la balle. Mais parler de cette problématique, c’est important, autant pour les petites filles qui regardent les mannequins comme des modèles de vie et de corps que pour les plus grandes qui pensent que c’est normal d’utiliser des femmes malades comme supports à vêtements.

Même si Victoire avoue qu’elle combat encore ses démons, le fait de prendre la parole lui a donné un nouveau souffle. Et c’est tout à son honneur.
 
Le livre Jamais assez maigre, journal d’un top modèle, est disponible partout à partir de maintenant. Il est publié chez Les éditions de l’homme à 27,99 $

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