Aller au contenu
« T’es juste une pute »
Crédit: vgstudio/Shutterstock

J’ai eu une passe intense. Très intense. Une passe de ma vie où je me sentais extrêmement seule. En fait, je ne pouvais pas concevoir passer une soirée au bar sans flirter. Je voyais ça comme un échec. Dès que j’entrais dans un bar, mon « radar » à mecs partait. Je voyais ça comme un défi que je ne voulais pas perdre, que je ne pouvais pas perdre.

Ça ne faisait pas une heure que j’avais trouvé. Je disais à mes amies : « Tu vois le beau gars là-bas? C’est lui que je veux ce soir ». C’était comme une mission. C’était ce moment-là, mon préféré; le moment où rien ne se passe encore, mais où tout est dans le regard. Le moment où je me sentais belle jusque dans le plus profond de mes os.

Ce sentiment-là peut facilement devenir une dépendance. J’avais l’impression que c’était la seule façon que je pouvais me sentir séduisante et intéressante. Seulement, ça a fini par déraper. Je ne voulais pas toujours coucher avec eux, mais une fois que la tension était là, que je frenchais sur la piste de danse, j’avais l’impression qu’il n’y avait plus moyen d’arrêter. Que j’étais prise dans l’engrenage. Que si je refusais de continuer, j’étais une pauvre agace et je n’étais pas une vraie cochonne. Que si je ne le faisais pas, j’échouais mon pari de marde.

J’ai donc accumulé les one nights et ils me rendaient tous plus insatisfaites les uns que les autres. Je baisais, j’existais dans le regard de l’autre durant quelques heures et, le lendemain matin, je me réveillais toujours avec un envie de vomir profond, avec un dégoût indescriptible envers moi-même. Je me sentais sale et conne. Ce qui est le plus fascinant dans tout ça, c’est que je recommençais semaine après semaine. Comme si le high était devenu nécessaire et qu’il permettait d’effacer un peu la drop du lendemain.

Le regard dégoûté que je jetais sur moi-même n’était pas le seul #HellNo. En fait, ceux-ci pleuvaient sur moi et surtout par des filles #GirlOnGirlHate. Je sentais les murmures, les regards, les rires plus que jamais autour de moi. J’ai même quelques amies qui se sont éloignées sous prétexte qu’on ne partageait plus les mêmes valeurs. En fait, on me jugeait gros comme le bras. Dans leur regard, je pouvais lire : « T’es juste une pute ».

Je savais que ça n’allait pas, mais ce n’est que plusieurs années plus tard que j’ai officiellement associé cette époque de ma vie à de la dépendance affective et à un grand manque de confiance en soi. J’ai consulté plusieurs psychologues pour comprendre d’où venait ce comportement et pourquoi je le répétais sans cesse. Je me suis aussi demandé souvent si, avoir été un gars, la réaction de mes proches aurait été la même. #DoubleStandard

Si cette histoire m’a appris quelque chose, c’est qu’il ne faut jamais juger sans connaître, et ce, peu importe la situation.

Plus de contenu