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Le film 1:54, ou quand toutes les secondes comptent
Crédit: Entertainment One

J’ai eu la chance de visionner, jeudi dernier, le long-métrage de Yan England 1:54 avant sa sortie officielle du 13 octobre prochain.

Belle initiative, d’ailleurs, de la part de Cineplex et de l’équipe cinématographique d’offrir une représentation gratuite (même le popcorn!!!) à tous les enseignants de ma région. Le but étant évidemment de susciter l’intérêt de nos élèves (j’enseigne au 2e cycle du secondaire) en faisant un retour en classe sur le film. Je me suis donc assise dans l’optique que j’allais assister à un film sur l’athlétisme et les relations de compétition qui peuvent se créer dans une équipe de sport à l’adolescence. J’avais vu la bande-annonce une seule fois à la télévision, mais rien de plus.

Effectivement, c’est un film sur l’athlétisme. Oui, ça parle du monde de l’adolescence, mais c’est bien plus que ça. Le propos est dur, l’intimidation représentée fait mal à voir, la haine qu’on développe envers l’un des personnages est virale. On se sent impuissant et on espère toujours une fin heureuse, de type conte de fée. #KeepDreaming

Crédit : Giphy
 

D’un point de vue « public », le film est percutant et aborde des sujets tabous (l’homosexualité, entre autres) qui sont encore actuels malgré nos efforts pour les contrer. On se pose des questions en tant que société, mais surtout en tant qu’humain.

D’un point de vue « enseignant », on s’identifie au rôle de Patrice Godin (prof de chimie et coach) qui ne veut qu’aider, mais reste démuni envers le refus de Tim (l’excellent Antoine Olivier Pilon) de dévoiler le nom de son intimidateur. Il est conscient du problème, mais ne peut accuser un élève sans preuve concrète, ce qui lui lie les mains.

Seul bémol : nous avons l’impression qu’il n’y a que deux intervenants dans toute l’école. Un T.E.S. (ou un surveillant, ce n’est pas clair) et le coach, aussi prof de chimie.

Spoiler alert :
Dans le cas où un élève se fait enfermer de force dans un casier ou qu'il advienne un événement plus dramatique, les enseignants et le personnel de l’école feront TOUT en leur possible pour trouver « les coupables ». On sait très bien qu’une conversation entre un prof et le meilleur ami de la victime ne sera pas suffisante comme moyen pour éviter l’intimidation. Le manque d’intervention de la part des enseignants (mais où sont-ils? On dirait qu’il n'y en a aucun dans l’école) amène un côté irréaliste au film. Des fois, on aurait l'impression d'y voir un amalgame de 30 vies, mais avec une fin à la 19-2.

Malgré ce côté qui m’a dérangée, le film vaut définitivement la peine d’être vu. Quand les lumières se sont rallumées, nous étions tous sous le choc de la fin abrupte qui nous laisse sans réponse, mais suscite en nous un lourd questionnement. Les acteurs sont incroyables et le scénario est bien écrit.
Yan England réussit son mandat : il nous fait réagir. Il réussit à nous faire pleurer, aussi.

C’est un film à voir avec nos ados, nos amis ou même notre famille, parce que les discussions qu’il engendre sont infinies et tellement nécessaires. Avec 1:54, le temps s’arrête. Et quand le chrono recommence, toutes les secondes comptent.

Bon visionnement!
 
 
P.-S. : Si vous aimez 1:54, je vous conseille fortement de lire La chute de Sparte de Biz. Les deux nous laissent sans voix. Les deux sont durs, mais essentiels.
 

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