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Mon vagin : la partie la plus mal-aimée de mon corps
Crédit: Maude Bergeron/Les folies passagères

Ça fait des années que je souffre de douleurs vaginales, si on peut dire ça comme ça. Sans explication, sans jamais ne comprendre pourquoi, mis à part que ça me fait mal, que ça me brûle à l’intérieur. Sans avertissement, ça peut arriver à n’importe quel jour, à n’importe quel moment, et cela perdure généralement quelques jours.

Après les relations sexuelles, c’est systématique : j’ai mal pendant les trois ou quatre jours suivants. Pourtant, tous les tests de dépistage effectués, les tests PAP et de vaginites ont été négatifs. Chaque fois, les différents médecins consultés me regardaient, incrédules, ne comprenant pas trop mon problème, et me remettaient simplement quelques sachets de lubrifiant au triste aspect d’hôpital. Puis, il y avait moi qui repartais sans réponse, l’inquiétude ne pouvant jamais être résolue.

Mon vagin est devenu la partie la plus mal-aimée de mon corps et une profonde source d’angoisse. Avec les années, moins je l’aimais, plus je l’haïssais. J’en suis devenue obsédée, je lisais trop sur Internet, je l’auscultais sans cesse, de manière quasi compulsive, et ce, dans l’espoir de m’apporter un bref, mais temporaire, moment de soulagement.

Chaque fois, mes douleurs réapparaissaient, persistaient, puis l’anxiété revenait, de plus en plus forte, et plus ça m'obsédait. Sexuellement, n’en parlons même plus. J’ai fait vœu d’abstinence plusieurs fois, me disant que quelques minutes de « plaisir » (car du plaisir, je n’en ressentais pas vraiment) ne valaient certainement pas la douleur des jours suivants ainsi que l’anxiété ou la honte qui y étaient liées. Physiquement, mais aussi mentalement, ça n’allait plus du tout.

J’ai enfin décidé de me tourner vers une médecin spécialisée en santé sexuelle des femmes. Après m’avoir examinée, elle m’a tout de suite dit : « Ton plancher pelvien est très contracté et tu as des spasmes. » Puis, elle m’a expliqué que j’anticipe la douleur avant un rapport et qu’inconsciemment, je suis fortement contractée, ce qui provoque davantage d’irritations.

Le diagnostic tombe : vulvodynie spontanée et provoquée. La vulvodynie est une douleur aiguë ressentie au niveau de la vulve et de l’entrée du vagin, liée à des contractions musculaires pelviennes inconscientes. Cette douleur peut être spontanée, donc sans cause apparente, ainsi que provoquée, soit suite à une relation sexuelle, par exemple. Le traitement proposé est une physiothérapie pelvienne pour décontracter ces muscles qui ont trop longtemps été « habitués » à se comporter de la sorte. J’étais alors soulagée, car je n’étais donc pas seule et, enfin, on avait mis le doigt sur ce qui me tracassait depuis si longtemps.

Nous parlons aujourd’hui beaucoup plus ouvertement de la sexualité des femmes et du plaisir féminin, ce qui, selon moi, est une avancée profonde et dont je suis très fière. Mais je n’ai pas pu m’empêcher, réalisant peu à peu ce qui m’arrivait, d’également parler de cette autre réalité, de celles des femmes qui souffrent en silence et qui ne s’identifient pas à cette vision de la sexualité épanouie pour toutes. J’ai attendu si longtemps avant de comprendre ce qui m’arrivait et je me suis sentie si seule à le vivre que j’avais envie de partager cette expérience à d’autres, qui pourraient également se reconnaître.

Nous ne sommes pas seules et il existe des solutions. Nous aussi, nous atteindrons ultimement les joies du plaisir féminin.

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