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Lâcher prise : un art perdu (que je n’ai toujours pas retrouvé)
Crédit: freestocks.org/Unsplash

J’ai longtemps associé les expressions « lâcher prise » et « faire le vide » à des banlieusards quinquagénaires traversant une crise existentielle qui les pousse, du jour au lendemain, à vendre sauvagement toutes leurs possessions et quitter leur emploi plate pour faire un road trip de moto en solo.

Cette perspective – que je trouve sincèrement attrayante maintenant que je m’approche dangereusement de cet âge d’or et de folies – me semble tout à fait sensée. Je n’ai pas souvent pris le temps de m’arrêter et de réfléchir sur l’importance du self-care dans la vie, mais je n’ai pas eu le choix d’y être confrontée lorsqu’une amie m’a invitée au spa pour ma fête. Une journée qui avait pour thème You do you s’est vite transformée en réalisation plutôt surprenante : je ne suis pas capable de mettre mon cerveau et cœur à off.

C’est au spa Le Bathroom (nom d’établissement assez cocasse qui a fait loler plus d’un ami anglophone) que nous sommes allées pour des massages, suivis d’une séance d’une heure à flotter dans un bain de sel. Outre ma peur de me noyer en coulant dans le fond du bain (c’est pas mal impossible, j’ai testé), ce que j’ai retenu de cette expérience, c’est que c'est peut-être par habitude d’être tout le temps occupée, qu’à force de faire courir le hamster de mon cerveau, j’ai perdu l’habitude de vivre sans tout analyser. C’était fort possiblement l’heure la plus longue de ma vie à m’écouter penser et planifier les prochaines dix années de ma vie, mais vers la fin de ma séance, je me suis retrouvée en train de flotter dans le silence total sans aucune pensée.

En moins d’une heure, je suis passée par une gamme d’émotions des plus loufoques. Entre la peur d’être retrouvée noyée toute nue par un étranger (je suis pudique!) et mon interminable to-do list qui inclut des tâches essentielles mais importantes, comme laver le bain jusqu’à ce qu’il soit digne d’une photo Instagram, j’ai compris que vivre dans le moment présent n’est pas une mince tâche. No surprise qu’il y a toute une section dédiée aux livres sur l’épanouissement et l’art du lâcher-prise à la librairie.

Sans en être consciente, à travers cette invitation au spa pour passer une journée entre humaines dans la vingtaine qui se prennent clairement trop au sérieux pour stresser autant, mon amie m’a fait un vraiment beau cadeau. C’est en vivant dans le futur ou en m’inquiétant pour le passé que je deviens un peu comme les gens qui ont beaucoup de vécu et qui répètent sans cesse que le temps file. C’est un peu comme ça qu’on ne voit pas sa vie passer et qu’un jour, on se réveille en 2050 sans trop comprendre ce qu’on fait là.

J’ai surtout compris que le self-care, ce n’est pas juste me courber les cils ou aller chez le coiffeur quand je feel blue. C’est aussi pratiquer à lâcher prise sur toutes mes préoccupations, projets, rêves, peines et listes d’épicerie quand il le faut, et me dire que j'ai encore le reste de ma vie pour figure out comment le faire.

No stress.
 

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