Une retraite à Sivananda Val-Morin et les objectifs premiers du yoga

On me demande de temps à autre des idées de centres de yoga ou des endroits pour faire des retraites de yoga. C’est un peu délicat de répondre à ces questions dans la mesure où il existe plusieurs styles de yoga, pour les besoins ou personnalités de différentes personnes. Il y a les fondements de la pratique et des centres qui valorisent le côté plus traditionnel, et des endroits ou des compagnies qui ont adapté à un style plus divertissant et moderne.
 
Personnellement, j’ai été introduite au yoga dans sa version plus traditionnelle, car lorsque j’ai commencé, il n’y avait que très peu d’offres à Montréal. Mais j’ai toujours cru à la version « épurée » et « sans artifices » du yoga : pas trop d’accessoires, pas d’image marketing à outrance et pas de divertissement pour rendre le tout moins « plate ». Pour se connecter avec soi, en mon sens, il faut un peu de silence et du détachement au monde extérieur. Pour calmer l’esprit, il faut l’entraîner à ne pas s’accrocher.
 
Avec le temps et la maturité, et après avoir essayé d’autres genres de yoga plus modernes et adaptés au monde occidental, je vois aussi les bénéfices et le plaisir qu’on peut retirer des flaflas ajoutés. Si, pour rejoindre les habitants de nos régions, il faut que le yoga se fasse une belle image, avec des fonctions un peu axées sur la performance, et que des centres fonctionnent avec un certain but lucratif, le but reste tout de même d’aider des gens à trouver un certain équilibre dans leurs corps et leur esprit. Et il n’y a pas de mauvais chemin pour atteindre ce noble objectif.
 
Tout ça pour vous parler du centre Sivananda, probablement l’un des plus vieux au Québec, fondé autour de 1960, qui a pignon sur rue sur le boulevard Saint-Laurent et un ashram* dans la nature magnifique de Val-Morin. Swami Vishnudevananda avait décidé de quitter l’Inde pour parcourir le monde et est tombé amoureux de nos terres, pour venir s’établir ici. Sivananda est aussi un mouvement mondial avec une multitude de centres à travers la planète, de Paris aux Bahamas, offrant retraites, formations de professeurs, ateliers et cours de yoga, cuisine végétarienne, méditation et beaucoup plus.
 
L’enseignement qu’on y retrouve est sans artifice et assez spirituel, ce dernier aspect pouvant faire peur à certains yogis modernes. Pourtant, le yoga n’est pas une religion, mais une philosophie, alors nul besoin d’adhérer à quoi que ce soit, mais simplement faire confiance en l’enseignement qui est offert peut nous servir à trouver un chemin en soi pour connecter avec notre nature profonde, aussi bien qu’à l’univers. On ne nous enseigne pas ça à l’école, mais c’est pourtant assez indispensable pour trouver sa place dans le monde.
 
À l’ashram, l’horaire est fixe et assez stricte – lever à 5 h 30, deux cours de yoga par jour, méditation et chants –, mais les résultats peuvent être fabuleux, surtout si on décide d’y rester quelques jours pour se laisser le temps de s’adapter au rythme. Les séances de yoga sont composées d’enchaînements de postures classiques dans un ordre déterminé, avec quelques variations d’un cours à l’autre, mais conçu pour calmer l’esprit, rééquilibrer le corps et devenir une forme de routine méditative lorsqu’on répète au quotidien ou quelques fois par semaine.
 
Je reviens justement d’une fin de semaine de retraite à l’ashram de Sivananda à Val-Morin. J’ai reçu un massage ayurvédique de 1 h 30, fait du yoga, pris un sauna à l’infrarouge et fait une méditation silencieuse dans la forêt, tandis que se côtoyaient l’automne et l’hiver. Je peux dire que c’est un endroit très inspirant qui permet de faire le vide – et le plein – à bas prix (environ 80 $ la nuit pour le logement, les repas et les cours de yoga). Et dans nos vies, à 1 000 km par heure, ce n’est pas un luxe à s’offrir, mais une nécessité pour apprendre pas à pas, et tout au long de notre vie, à apaiser nos réactions aux vagues qui nous entourent.

Je vous laisse sur un extrait du documentaire québécois Planète yoga, réalisé par Carlos Ferrand, et qui donne une idée de ce que l'on peut retrouver dans le yoga et quels peuvent être nos objectifs dans la pratique.
 

*Un ashram est un lieu de retrait, habituellement en nature, qui permet de cultiver sa spiritualité.
D'après Wikipédia, « dans l'Inde ancienne, un ermitage en un lieu isolé, dans la forêt ou la montagne, où, dans une grande austérité de vie, un sage vivait et cherchait l'union à Dieu dans la solitude et la paix intérieure, loin des distractions et agitations du monde. »